Le pays franchit une nouvelle étape dans l’exécution de ses réformes macroéconomiques et climatiques
Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, le 25 juin 2025, un nouveau décaissement de 758 millions de dollars, soit 425 milliards FCFA, en faveur de la Côte d’Ivoire. Cette décision fait suite à la quatrième revue du programme MEDC/FEC (Mécanisme et Facilité élargis de crédit) et à la troisième revue de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FSR). Ce versement porte à plus de 2,8 milliards de dollars le total des ressources effectivement décaissées depuis le lancement du programme en mai 2023.
Des réformes respectées, des engagements tenus
La performance du pays dans la mise en œuvre de ses engagements a été jugée exemplaire. Tous les critères de performance et repères structurels fixés à fin décembre 2024 ont été atteints dans le cadre du MEDC/FEC. De même, les réformes prévues dans le cadre du FSR, notamment celles liées à l’architecture de financement climatique, ont été intégralement exécutées.
Ces résultats traduisent, selon le FMI, un engagement ferme des autorités à maintenir une trajectoire économique équilibrée, dans un contexte international encore instable. « La Côte d’Ivoire a enregistré de solides résultats […] témoignant de la détermination des autorités à consolider la stabilité macroéconomique », a déclaré Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI.
Petit rappel : qu’est-ce que le MEDC/FEC et le FSR ?
Le MEDC/FEC, mis en place en mai 2023, représente un programme triennal de 3,6 milliards de dollars, soit 400% de la quote-part du pays au FMI. Il vise à soutenir les réformes économiques et budgétaires pour stabiliser les finances publiques, renforcer la mobilisation des recettes intérieures, et améliorer la gouvernance.
Le FSR (Facilité pour la Résilience et la Durabilité), d’un montant de 1,3 milliard de dollars (150% de la quote-part), est quant à lui destiné à accompagner la Côte d’Ivoire dans la transition climatique, à travers des réformes structurelles pour renforcer la résilience économique et environnementale.
Un cap budgétaire en ligne avec les exigences régionales
La consolidation budgétaire reste une priorité du programme. Pour 2025, la Côte d’Ivoire prévoit de ramener son déficit public à 3% du PIB, conformément au plafond fixé par l’UEMOA. Cet objectif s’appuie sur la Stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (SMTR) adoptée en mai 2024, qui vise à faire progresser le ratio recettes fiscales/PIB de 0,5 point chaque année, pour atteindre 20% à moyen terme.
L’accent est mis sur la rationalisation des exonérations fiscales, l’élargissement de l’assiette et la modernisation des administrations fiscales et douanières.
Une croissance solide portée par l’agriculture et les ressources extractives
Les prévisions de croissance pour 2025 restent optimistes. Le FMI table sur une hausse du PIB de 6,3%, portée par la reprise de la production agricole, la vigueur des revenus des ménages, et les performances des secteurs hydrocarbures et minier.
L’inflation, quant à elle, devrait être contenue dans la cible UEMOA (1–3%), tandis que le déficit courant se réduirait à 3,6% du PIB, signe d’un rééquilibrage progressif de la balance des paiements.
Résilience climatique et inclusion sociale : un pilier du programme FSR
Les réformes climatiques accompagnées par le FMI ne sont pas accessoires. Elles visent à renforcer la résilience du pays aux aléas environnementaux à travers :
- – des investissements dans les transports durables,
- – une agriculture plus résiliente,
- – une meilleure gestion des inondations,
- – et l’intégration du risque climatique dans les politiques publiques.
Parallèlement, le FMI insiste sur l’importance de l’inclusion sociale, en ciblant les jeunes, les femmes et la réduction de l’informalité. Ces priorités doivent permettre une croissance plus équitable, tout en soutenant le développement du secteur privé.
Des efforts attendus en matière de gouvernance et de lutte contre les flux illicites
Le FMI reste attentif à la qualité de la gouvernance économique. Il encourage les autorités à poursuivre les réformes liées à la transparence des finances publiques, à la gestion des entreprises d’État et au cadre anti-blanchiment. Le respect des standards en matière de lutte contre le financement du terrorisme reste un impératif, non seulement pour la stabilité interne, mais aussi pour rassurer les bailleurs internationaux.
Vers une Côte d’Ivoire émergente, résiliente et inclusive
L’objectif affiché par le gouvernement est clair : faire de la Côte d’Ivoire un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à moyen terme. Pour cela, il faut non seulement préserver les équilibres macroéconomiques, mais aussi consolider les fondamentaux structurels : mobilisation des ressources, climat des affaires, gouvernance, capital humain et transition verte.
À mi-parcours du programme triennal, la Côte d’Ivoire semble tenir sa feuille de route. Le FMI, en approuvant cette nouvelle tranche de financement, envoie un signal positif à la communauté financière internationale. Mais la suite dépendra de la capacité du pays à maintenir ses efforts dans la durée.