Mali-Russie : une alliance économique à l’épreuve du Sahel

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Mali-Russie : une alliance économique à l’épreuve du Sahel
Mali-Russie : une alliance économique à l’épreuve du Sahel

Du 22 au 26 juin 2025, le président malien Assimi Goïta a conclu une visite officielle en Russie, marquée par des accords stratégiques avec Moscou et le Tatarstan. Rencontres avec Vladimir Poutine et Roustam Minnikhanov, projets d’énergie nucléaire et de raffinerie d’or : ce partenariat vise à propulser l’économie malienne. Mais dans un Sahel instable, peut-il tenir ses promesses ?

Un virage géopolitique calculé


Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, le Mali s’éloigne de la France pour se rapprocher de la Russie. Cette visite, la première de Goïta depuis le sommet Russie-Afrique de 2023, ancre Bamako dans une logique d’autonomie. « Les relations entre nos pays ont une riche histoire », a déclaré Goïta, évoquant les liens établis depuis 1960 (Bamada.net, 23 juin 2025). Face aux attaques jihadistes, le Mali cherche en Moscou un allié pour sa sécurité et son développement.

Des accords pour dynamiser l’économie

Trois accords majeurs ont été signés. Une commission intergouvernementale russo-malienne doit doper les échanges commerciaux, qui ont atteint 500 millions USD en 2024 (TASS, 24 juin 2025). Un partenariat avec ROSATOM ouvre la voie à l’énergie nucléaire civile, avec des infrastructures et une formation pour 200 techniciens maliens d’ici 2030. « Ce projet renforcera notre indépendance énergétique », a affirmé le ministre malien de l’Énergie, Abdoulaye Djibril Diallo (RT, 23 juin 2025). Enfin, un accord sécuritaire inclut des livraisons d’hélicoptères Mi-17 et de camions Kamaz, cruciaux pour la logistique militaire.

Le projet phare reste la raffinerie d’or de l’entreprise tatare Yadran, d’une capacité de 200 tonnes par an. Avec 70 tonnes d’or exportées en 2023 (2,4 milliards USD, Banque mondiale), le Mali pourrait doubler ses revenus en transformant localement ses ressources. « L’Afrique est un marché stratégique », a souligné Roustam Minnikhanov, chef du Tatarstan (RT, 23 juin 2025).

Le Tatarstan, un levier industriel


À Kazan, Goïta a exploré des partenariats avec le Tatarstan, hub industriel russe. « Nous voulons collaborer avec Kamaz et d’autres firmes », a-t-il déclaré (Le Monde, 24 juin 2025). Les camions Kamaz et hélicoptères Mi renforceront les capacités maliennes, tandis que des projets en agro-industrie et digitalisation fiscale promettent de moderniser l’économie. Une invitation au forum « Russie-Monde islamique » de Kazan en 2026 scellera ces liens.

Éducation et solidarité


Moscou a offert 290 bourses universitaires pour 2025-2026, et le Tatarstan accueille 35 étudiants maliens. Des dons de blé et d’engrais soutiennent l’agriculture malienne. « Nous remercions la Russie pour son aide », a déclaré Goïta (Bamada.net, 23 juin 2025). Ces gestes renforcent les liens humains entre les deux nations.

Un pari risqué ?

Ce partenariat pourrait créer 5 000 emplois d’ici 2028, selon des estimations russes (TASS, 24 juin 2025), mais les obstacles sont nombreux. Le remplacement de Wagner par Africa Corps suscite des doutes. « Les défis sécuritaires pourraient limiter les progrès », prévient l’économiste malien Aïssa Traoré (Jeune Afrique, 25 juin 2025). Une dépendance accrue envers la Russie risque aussi d’isoler Bamako face aux partenaires occidentaux.

Un avenir à construire


La visite de Goïta marque un tournant pour le Mali. De l’énergie nucléaire à l’or, ces accords visent à bâtir une économie résiliente. Mais leur succès dépendra de la stabilité régionale et de la capacité du Mali à diversifier ses alliances. Dans un Sahel en mutation, ce pari russo-malien pourrait redéfinir les équilibres économiques et géopolitiques.

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