Marché financier de l’UMOA : le règlement des transactions passera à J+2 d’ici fin 2025

0
53
Marché financier de l’UMOA : le règlement des transactions passera à J+2 d’ici fin 2025
Marché financier de l’UMOA : le règlement des transactions passera à J+2 d’ici fin 2025

Le Marché Financier Régional de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) va bientôt se doter d’un nouveau standard de règlement des transactions boursières. D’ici la fin de l’année, le délai de règlement-livraison passera officiellement de J+3 à J+2. L’annonce a été faite le 25 juin 2025 à Abidjan par le Directeur général du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR), Birahim Diouf. Une réforme présentée comme stratégique pour renforcer l’efficacité et l’attractivité du marché régional.

Une norme mondiale que l’UMOA s’apprête à adopter

Dans les marchés financiers, le cycle de règlement désigne le nombre de jours ouvrables entre la date de transaction (J) et le transfert effectif des titres et des fonds entre les parties. Passer de J+3 à J+2 signifie que les opérations seront désormais finalisées deux jours après leur exécution, au lieu de trois actuellement.

Cette évolution rapproche l’UMOA des pratiques internationales. Sur les principales places boursières comme Paris, Francfort ou New York, le règlement en J+2 est aujourd’hui la norme. Certaines places, comme l’Inde ou les États-Unis, expérimentent même le J+1.

« Cette réforme vise à améliorer l’efficacité des opérations, accroître la liquidité et réduire le risque de contrepartie », a déclaré M. Diouf, précisant que le projet a été construit en collaboration étroite avec l’ensemble des parties prenantes du marché.

Un chantier engagé depuis plus de deux décennies

Cette réforme s’inscrit dans un processus de modernisation entamé dès la création du marché régional. À son lancement en 1998, les règlements s’effectuaient en J+7, du fait de l’absence d’infrastructure de paiement électronique reliant les banques de l’UMOA. Une première réduction du délai à J+3 avait été rendue possible en 2007, grâce à l’introduction par la BCEAO du système de règlement brut en temps réel (RTGS).

Avec cette nouvelle étape vers J+2, les autorités financières régionales franchissent un nouveau cap, dans une dynamique de convergence vers les standards internationaux.

Un accélérateur de liquidité pour les investisseurs

Réduire le temps de dénouement des opérations, c’est permettre une rotation plus rapide des capitaux sur le marché. Un enjeu majeur, notamment pour les investisseurs qui arbitrent entre plusieurs zones géographiques. Selon M. Diouf, « pour les investisseurs, locaux comme internationaux, c’est un gain de temps, de rendement et de sécurité ».

Certains investisseurs internationaux, habitués à des délais plus courts, peuvent être freinés par les conditions actuelles du marché régional. Le cycle de J+3 est perçu comme un facteur de latence, augmentant le risque de contrepartie, c’est-à-dire la possibilité qu’un des deux intervenants ne respecte pas ses obligations au moment du règlement.

La bascule à J+2 pourrait donc réduire cette incertitude et inciter davantage d’acteurs à intervenir sur les marchés de l’UMOA.

Une réforme préparée de manière collaborative

Conscient des ajustements techniques nécessaires, le DC/BR a constitué un groupe de travail pour accompagner la transition. L’objectif : anticiper les impacts opérationnels pour tous les acteurs de la chaîne, des courtiers aux dépositaires, en passant par les investisseurs eux-mêmes.

« Nous avons évalué les impacts à chaque niveau de la chaîne. Du côté des investisseurs locaux, aucune contrainte majeure n’a été relevée. En revanche, pour les investisseurs internationaux, certains ajustements sont en cours de finalisation », a expliqué M. Diouf.

La réduction du délai de traitement oblige les institutions financières à renforcer leur réactivité, notamment au niveau des opérations de back-office. Pour le Directeur général du DC/BR, cela représente une opportunité de modernisation : « Moins de temps pour les traitements back-office, c’est plus d’agilité et d’opportunités de croissance pour tous. »

D’autres chantiers structurants en perspective

La transition vers J+2 n’est qu’un pan d’une modernisation plus large du marché. Deux autres projets majeurs ont été évoqués par M. Diouf : l’inscription en compte au niveau client et la digitalisation des appels publics à l’épargne (DIGIAPE).

L’inscription en compte vise à identifier nominativement les détenteurs de titres dans les livres du DC/BR, conformément aux meilleures pratiques internationales en matière de transparence et de traçabilité.

Quant à la plateforme DIGIAPE, soutenue par la Banque Africaine de Développement, elle permettra de digitaliser et automatiser le processus de souscription sur le marché primaire, facilitant ainsi l’accès des épargnants et améliorant la supervision par les autorités de régulation.

Une ambition claire : renforcer la crédibilité du marché régional

Basé à Abidjan, le Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR) joue un rôle central dans l’écosystème financier de l’UMOA. Il est chargé de la conservation centralisée des valeurs mobilières et du règlement des transactions boursières.

Avec cette réforme technique, l’UMOA entend prouver sa capacité à s’adapter aux exigences des marchés contemporains. Si le raccourcissement du délai de règlement est bien mis en œuvre, il pourrait contribuer à faire du marché régional un pôle plus attractif pour les investisseurs institutionnels à l’échelle africaine et internationale.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici