Startups africaines : les investissements repartent à la hausse avec 1,05 milliard de dollars levés en cinq mois

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Startups africaines : les investissements repartent à la hausse avec 1,05 milliard de dollars levés en cinq mois
Startups africaines : les investissements repartent à la hausse avec 1,05 milliard de dollars levés en cinq mois

Les startups africaines ont levé plus de 1,05 milliard de dollars entre janvier et mai 2025, selon les données publiées le 26 juin sur le compte LinkedIn de Baobab Network, un accélérateur et fonds de capital-risque présent dans plusieurs pays africains. Ce chiffre marque une hausse de 40% par rapport à la même période en 2024.

Après deux années de ralentissement, ce rebond des investissements témoigne d’un regain d’intérêt pour l’écosystème tech du continent. Plusieurs bases de données sectorielles, dont Africa: The Big Deal et Briter Bridges, confirment cette tendance haussière, qui s’inscrit dans un contexte de stabilisation relative des marchés mondiaux.

Des années de tension… vers une reprise espérée

En 2023 et 2024, le financement des startups africaines avait connu un net repli. L’inflation mondiale persistante, la remontée des taux directeurs par les grandes banques centrales et le retrait de plusieurs fonds internationaux avaient freiné l’élan observé durant la période post-Covid.

Mais depuis le début de l’année 2025, les signaux sont plus positifs. Les 1,05 milliard de dollars levés en cinq mois représentent environ 250 millions de plus que les 800 millions levés à la même période en 2024, selon Africa: The Big Deal. Cette dynamique pourrait annoncer une stabilisation progressive du capital-risque sur le continent, bien que le second semestre reste déterminant.

Le Nigeria, le Kenya, l’Égypte et l’Afrique du Sud en tête

Les quatre grands pôles historiques – Nigeria, Kenya, Égypte et Afrique du Sud – continuent de concentrer l’essentiel des financements. Ces pays bénéficient d’écosystèmes entrepreneuriaux structurés, de réseaux d’incubation actifs, et d’une meilleure connexion aux capitaux internationaux. En 2024, ces quatre marchés avaient capté plus de 80% des montants levés sur le continent.

Toutefois, de nouveaux pôles émergent. Dans sa publication du 26 juin, Baobab Network souligne que le Ghana, la Tunisie et le Sénégal attirent de plus en plus l’attention des investisseurs. Cette évolution reflète une diversification géographique progressive, portée par des politiques d’innovation locales, le dynamisme des diasporas et une amélioration des environnements réglementaires.

Les secteurs moteurs : fintech, santé, agriculture et PME

Les fintechs continuent de dominer, absorbant plus de la moitié des capitaux levés, avec une forte concentration au Nigeria. Ces plateformes attirent l’investissement en proposant des solutions d’inclusion financière dans des contextes de sous-bancarisation.

D’autres secteurs enregistrent une croissance notable :

  • Les healthtech développent des applications de télémédecine ou de gestion hospitalière à distance,
  • Les agritech facilitent la mise en réseau des petits producteurs et l’accès aux marchés,
  • Et les solutions B2B à destination des PME (comptabilité, facturation, logistique) gagnent en visibilité.

Ces modèles présentent un point commun : ils s’ancrent dans les besoins réels des économies locales, souvent négligés par les grandes plateformes mondiales.

Baobab Network, catalyseur d’innovations précoces

L’accélérateur Baobab Network, fondé en 2016, joue un rôle important dans cet écosystème. Depuis 2019, il injecte 100 000 dollars dans chaque startup sélectionnée, via un programme intensif d’accompagnement sur 12 semaines. Il a déjà soutenu plus de 45 startups dans 15 pays.

Parmi les plus récentes entreprises accompagnées :

  • CreditChek (Nigeria), qui fournit des données de crédit à destination de la diaspora africaine,
  • EnvoyX (Côte d’Ivoire), spécialisée dans la livraison urbaine via une plateforme mobile,
  • Buyam (Afrique centrale), une marketplace pensée pour le commerce local.

Baobab ambitionne de financer 1 000 startups africaines d’ici 2033, et cherche à combler le vide laissé par d’autres accélérateurs internationaux qui ont réduit leur exposition sur le continent.

L’embellie reste fragile

Malgré cette hausse encourageante, les défis structurels restent nombreux. La stabilité politique est encore incertaine dans plusieurs pays, et les fluctuations des monnaies locales face au dollar compliquent les prévisions financières.

Par ailleurs, l’accès au financement reste encore inégal, notamment pour les entrepreneuses et les projets situés hors des grandes capitales. Les efforts en faveur d’une meilleure inclusion devront accompagner la montée en puissance de l’investissement tech.

Une année charnière pour la tech africaine

Cette hausse de 40% ne marque pas encore une explosion durable, mais elle constitue une reprise solide, après une période difficile. L’Afrique prouve une nouvelle fois sa capacité à innover face aux contraintes, en attirant des capitaux vers des solutions conçues pour ses réalités.

Le reste de l’année 2025 permettra de vérifier si cette dynamique peut se maintenir et s’étendre à davantage de pays et de secteurs.

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