La Silicon Valley Bank en pleine chute : l’Afrique doit-elle craindre ?
La Silicon Valley Bank (SVB) a été fermée ce vendredi 10 mars 2023 par les autorités américaines provoquant ainsi un léger vent de panique sur les marchés. Cette chute représente la plus grosse faillite bancaire aux États-Unis depuis la crise financière de 2008.
Un effondrement qui a débuté jeudi. En effet, dans un communiqué de presse, la SVB annonçait sa volonté de chercher à lever rapidement du capital pour faire face aux retraits massifs de ses clients, sans y parvenir, et après avoir vendu pour 21 milliards de dollars de titres financiers, en perdant 1,8 milliard de dollars au passage.
Les actions de la SVB ont suivi. Elles ont chuté de plus de 60% vendredi dans les échanges avant bourse, à la suite d’une baisse de 60% la veille. Une communication de crise qui a aussi surpris les clients, provoquant un « bank run », cette réaction en chaîne qui débute par des retraits massifs au guichet. Une faillite inédite depuis la crise financière de 2008, et qui a secoué l’industrie de la Tech. En effet, cette banque était au cœur de l’industrie de la Tech. Si bien qu’elle avait fini par devenir la 16e banque américaine par la taille des actifs.
Fin 2022, l’établissement comptait encore 209 milliards de dollars d’actifs et environ 175,4 milliards de dépôts. Désormais, il est officiellement entre les mains des autorités américaines. Sa gestion a été confiée à l’agence américaine chargée de garantir les dépôts (FDIC).
Le secteur est mis à mal depuis plusieurs mois par la hausse des taux d’intérêt – ce sont eux qui avaient permis de suralimenter ces entreprises depuis des années – et par les licenciements massifs dans de nombreuses jeunes entreprises. En 2021, les investissements dans les start-up américaines ont chuté de 31%, selon PitchBook.
De quoi raviver également les craintes sur la solidité de l’ensemble du secteur bancaire, notamment avec la rapide montée des taux d’intérêt qui fait baisser la valeur des obligations dans leurs portefeuilles et renchérit le coût du crédit. Au-delà de la seule banque californienne, les quatre plus grands établissements du pays ont perdu 52 milliards de dollars en Bourse jeudi et dans leur sillage, les banques asiatiques puis européennes ont flanché.
Un léger vent de panique qui est rapidement retombé, car la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a rappelé devant les régulateurs du secteur de la finance ce vendredi qu’elle avait « pleine confiance » dans leur capacité à prendre les mesures appropriées et a estimé que le secteur bancaire restait « résilient ». Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management, porte-lui aussi un discours rassurant. Dans une note, il considère que le risque « d’un incident de capital ou de liquidités parmi les grandes banques » est « faible ». Les analystes de Morgan Stanley affirment également que <<Les pressions de financement auxquelles la SVB est confrontée sont très particulières, et que les autres banques ne font pas face à une pénurie de liquidités>>.
Depuis la crise financière de 2008, les banques doivent donner des gages renforcés de solidité à leurs régulateurs nationaux et européens. Elles doivent par exemple justifier d’un niveau minimal de capital plus important destiné à éponger les éventuelles pertes. Des garde-fous qui pourraient protéger l’ensemble du secteur de cette faillite historique.
Jemima Orou