Après avoir levé plus de 100 milliards FCFA lors de son introduction en bourse en avril 2025, la Banque Internationale pour l’Industrie et le Commerce (BIIC) du Bénin vient de publier ses états financiers pour l’exercice clos au 31 décembre 2024. Ces résultats, très attendus sur le marché, constituent le premier véritable test de confiance post-IPO (Initial Public Offering, en français introduction en bourse). Et à bien des égards, la performance est au rendez-vous.
Une croissance maîtrisée du bilan
Selon les états financiers certifiés et publiés sur le site officiel de la BRVM le 26 juin 2025, le total bilan de la BIIC s’établit à 1 373 milliards FCFA au 31 décembre 2024, en progression de 2,4% par rapport à l’exercice précédent (1 340 milliards FCFA fin 2023). Cette évolution modérée contraste avec la croissance exceptionnelle de 2023 (+34%), mais reflète une phase de consolidation après une forte expansion.
Des revenus bancaires en hausse
Le Produit Net Bancaire (PNB) atteint 41,6 milliards FCFA en 2024, contre 39,2 milliards en 2023, soit une progression de 6,2%. Cette performance intervient dans un contexte régional marqué par des taux d’intérêt élevés, une concurrence accrue entre banques, et une vigilance renforcée sur le risque de crédit.
La BIIC a su maintenir sa rentabilité opérationnelle grâce à une bonne gestion de ses marges d’intermédiation, en capitalisant notamment sur la diversification de ses revenus et un encadrement rigoureux de ses charges.
Résultat net en hausse malgré le ralentissement du bilan
Le résultat net s’établit à 29,8 milliards FCFA, contre 27,3 milliards en 2023, soit une augmentation de 9,2% sur un an. Cette évolution, plus contenue que celle observée l’année précédente (+155%), témoigne toutefois d’une rentabilité stable et bien ancrée. Le Retour sur fonds propres (ROE) s’élève à 18,5%, un niveau jugé très compétitif au sein de l’UEMOA.
Solvabilité et efficience : des fondamentaux rassurants
Le coefficient d’exploitation – qui mesure l’efficience opérationnelle – s’établit à 46,5%, un niveau bien inférieur à la moyenne régionale, souvent supérieure à 55%. Ce ratio traduit une excellente maîtrise des charges d’exploitation, malgré les efforts engagés en matière de transformation digitale et d’élargissement du réseau.
Côté solidité financière, la banque affiche un ratio de solvabilité de 16,2%, largement supérieur au seuil réglementaire de 11,25% exigé par la BCEAO. Cette marge de sécurité renforce la capacité de résilience de l’établissement face aux aléas économiques et réglementaires.
L’entrée en bourse, levier de crédibilité
Cotée à la BRVM depuis le 28 avril 2025 sous le symbole BICB, la BIIC a réussi son opération d’introduction en bourse avec une demande supérieure à l’offre et un engouement marqué des investisseurs particuliers et institutionnels. Le premier jour de cotation a vu le titre progresser de 6,7%, illustrant une perception favorable du marché.
Les performances 2024 permettent désormais d’ancrer cette confiance dans des résultats concrets. Elles offrent aussi une visibilité accrue sur la capacité de la banque à transformer les fonds levés en actifs rentables.
Des défis à anticiper
Si les fondamentaux sont solides, la banque devra rester attentive à plusieurs défis structurels :
- – la croissance relativement lente du bilan en 2024 pourrait signaler une inflexion,
- – la pression réglementaire (notamment en matière de fonds propres et de transparence),
- – et l’environnement macroéconomique régional, encore exposé aux tensions budgétaires et monétaires.
Enfin, la stratégie d’inclusion financière de la BIIC, fondée sur l’expansion territoriale et la digitalisation, devra faire la preuve de son efficacité commerciale sans dégrader ses ratios.
Une performance crédible et soutenue
La publication des comptes 2024 vient conforter la trajectoire ascendante de la BIIC. Dans un contexte régional où les exigences de transparence et de rentabilité sont croissantes, la banque affiche des résultats solides et cohérents avec les ambitions affichées lors de son entrée à la BRVM.
Reste désormais à confirmer cette dynamique dans la durée, en consolidant ses positions au Bénin et, pourquoi pas, en explorant des perspectives de croissance au-delà des frontières nationales.