Zone CEMAC : la BEAC maintient ses taux face à une croissance ralentie et des tensions internationales

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Zone CEMAC : la BEAC maintient ses taux face à une croissance ralentie et des tensions internationales
Zone CEMAC : la BEAC maintient ses taux face à une croissance ralentie et des tensions internationales

Le 30 juin 2025 à Yaoundé, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a tenu sa deuxième session ordinaire du Comité de Politique Monétaire (CPM). Sous la présidence de son Gouverneur, Yvon Sana Bangui, le Comité a décidé de maintenir stables ses principaux instruments monétaires, face à un environnement économique mondial incertain et un ralentissement marqué dans la zone CEMAC.

À l’échelle mondiale, les perspectives restent prudentes. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance économique mondiale devrait ralentir à 2,8% en 2025, contre 3,3% en 2024. Cette décélération s’explique notamment par une montée des tensions géopolitiques et commerciales entre les grandes économies, des facteurs qui pèsent sur la confiance et les échanges internationaux.

Dans ce contexte, la sous-région CEMAC subit également un ralentissement de sa croissance économique. Les services de la BEAC anticipent un recul à 2,4% en 2025, contre 2,9% en 2024. Cette tendance est largement liée à la baisse de la production pétrolière, qui devrait diminuer de 2,7% cette année, prolongeant la contraction amorcée en 2024 (-0,8%). Parallèlement, le secteur non pétrolier continue d’afficher une croissance robuste, estimée à 3,5%, mais ne compense pas entièrement la faiblesse du secteur pétrolier.

Malgré cette décélération, la situation sur le front de l’inflation apporte un signe encourageant. Celle-ci devrait reculer à 2,8% en moyenne annuelle en 2025, après un taux plus élevé de 4,1% en 2024. Cette baisse témoigne d’une meilleure stabilité des prix, favorable au pouvoir d’achat des ménages et à la planification économique.

Cependant, plusieurs indicateurs macroéconomiques traduisent des vulnérabilités persistantes. Le solde budgétaire, hors dons, se détériore légèrement, passant de -1,1% du PIB en 2024 à -1,2% en 2025. Plus préoccupante est la dégradation du solde du compte courant, qui inclut les dons officiels. Il s’établirait à -4,4% du PIB en 2025, contre -1,4% l’année précédente. Ce déficit accru s’explique principalement par la chute des cours internationaux du pétrole, ressource clé pour la balance commerciale de la zone.

Du côté monétaire, la masse monétaire devrait croître de 10,7% pour atteindre 23 209,5 milliards FCFA, soutenant potentiellement l’activité économique. Néanmoins, cette dynamique s’accompagne d’une légère érosion des réserves de change. Celles-ci se situeraient à 7 063,2 milliards FCFA à fin 2025, soit un taux de couverture extérieure de 72,3%, en retrait par rapport à 74,9% à fin 2024. Ce niveau correspond à environ 4,5 mois d’importations de biens et services, un indicateur important pour la stabilité financière de la région.

Face à ce tableau contrasté, le Comité de Politique Monétaire a préféré maintenir inchangés ses principaux taux d’intérêt et coefficients de réserves obligatoires. Le taux d’intérêt des appels d’offres reste fixé à 4,50%, la facilité de prêt marginal à 6,00%, et la facilité de dépôt à 0,00%. Les coefficients des réserves obligatoires sont maintenus à 7% pour les dépôts à vue et à 4,5% pour les dépôts à terme.

Cette décision reflète une stratégie prudente de la BEAC, qui cherche à préserver la stabilité monétaire tout en soutenant la croissance dans un contexte mondial et régional marqué par de fortes incertitudes. La Banque garde ainsi la main pour ajuster sa politique selon l’évolution des tensions internationales et des chocs pétroliers, facteurs essentiels pour la santé économique de la CEMAC.

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