Potasse de Mayumba : un contrat de 500 millions de dollars signe un virage stratégique pour le Gabon

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Potasse de Mayumba : un contrat de 500 millions $ signe un virage stratégique pour le Gabon
Potasse de Mayumba : un contrat de 500 millions $ signe un virage stratégique pour le Gabon

En marge d’un sommet sur les minéraux critiques organisé à Washington, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a supervisé la signature d’un accord majeur avec la société américaine Millenial Potash. Objectif : développer le gisement de potasse de Mayumba pour en faire un levier de croissance industrielle et de souveraineté économique.

Le Gabon avance ses pions dans la bataille mondiale des ressources stratégiques. À Washington, ce lundi 8 juillet, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a présidé la signature d’un accord de financement de 500 millions de dollars entre l’État gabonais et Millenial Potash, une société minière américaine spécialisée dans l’exploitation de potasse.

Le contrat, conclu en marge d’un sommet multilatéral convoqué par l’ancien président américain Donald Trump sur les minéraux critiques, porte sur le développement du gisement de potasse de Mayumba, dans la province de la Nyanga, au sud-ouest du pays.

Un projet structurant pour l’agriculture et l’économie gabonaises

La première phase de l’accord prévoit une enveloppe de 5 millions de dollars pour financer les études de faisabilité. Elle précédera le lancement effectif des travaux d’infrastructure nécessaires à l’exploitation du site. À terme, la mine ambitionne une production annuelle de 800 000 tonnes d’engrais potassique, une ressource clé pour l’agriculture intensive.

Le projet est également porteur d’emplois. 375 postes directs et 600 emplois indirects devraient être créés, principalement dans la région de Mayumba. Ces chiffres, s’ils sont atteints, pourraient changer significativement le tissu économique local.

Un symbole de souveraineté minérale

Cet accord s’inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement gabonais, qui souhaite diversifier ses ressources économiques au-delà du pétrole et valoriser localement ses matières premières.

« Ce projet s’inscrit pleinement dans notre vision visant à faire du secteur minier un levier durable de croissance inclusive et de création d’emplois », a déclaré le président Oligui Nguema, tout en réaffirmant les priorités de son gouvernement : développement des infrastructures énergétiques et de transport, transformation industrielle, et relance économique par les filières extractives.

Le choix de la potasse n’est pas anodin. Utilisée principalement dans la fabrication d’engrais, elle est aujourd’hui classée parmi les ressources stratégiques pour la sécurité alimentaire mondiale. L’Afrique, pourtant dotée de gisements sous-exploités, importe encore l’essentiel de ses engrais. En misant sur la transformation locale de ce minerai, le Gabon espère réduire sa dépendance aux importations, tout en s’imposant comme un acteur régional incontournable.

Une coopération entamée à Dubaï

L’accord signé ce jour est l’aboutissement d’un dialogue entamé en novembre 2023, à l’occasion de la COP28 à Dubaï. C’est là que le chef de l’État gabonais avait rencontré pour la première fois Farhad Abasov, président du conseil d’administration de Millenial Potash. Les discussions ont donc mûri avant de se concrétiser sur la scène diplomatique américaine, dans un contexte où les grandes puissances cherchent à sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement en matières premières critiques.

Une ouverture vers les capitaux américains

Au-delà de la dimension minière, ce partenariat marque une volonté claire du Gabon d’attirer les investissements directs étrangers, notamment en provenance des États-Unis. « Nous lançons un appel aux investisseurs américains pour accompagner la transformation structurelle de notre économie », a déclaré le président gabonais à Washington.

Dans un environnement international où les pays d’Afrique centrale cherchent à mieux monétiser leurs ressources naturelles, cet accord pourrait faire école. Il met en lumière une stratégie de plus en plus assumée : bâtir une souveraineté minérale fondée sur la transformation locale, la création d’emplois, et une meilleure redistribution de la valeur.

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