Alors que l’économie cap-verdienne affiche des signes de reprise solides, le FMI prolonge et augmente son soutien financier, tout en pointant la lenteur de certaines réformes structurelles, notamment climatiques.
Le Cap-Vert a obtenu un nouveau soutien du Fonds monétaire international (FMI), qui vient de conclure la sixième revue de l’accord signé avec le pays dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC), un mécanisme destiné aux pays à faibles revenus pour renforcer leur stabilité macroéconomique. En parallèle, l’institution a validé une prolongation et un rééchelonnement de l’accord conclu au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FSR), qui accompagne les réformes en matière de lutte contre le changement climatique.
Un appui accru, mais conditionné
La décision du FMI, rendue publique le 9 juillet 2025 à Washington, se traduit par une augmentation de 30% de la quote-part accordée au Cap-Vert dans le cadre de la FEC. L’accès total du pays passe ainsi à 52,14 millions de droits de tirage spéciaux (DTS), soit environ 6,18 millions de dollars disponibles immédiatement.
Cette facilité vise à appuyer les efforts du gouvernement pour assainir les finances publiques, contenir la dette, moderniser la politique monétaire et réformer les entreprises publiques. L’accord FSR, quant à lui, entend catalyser les financements privés en faveur de la transition écologique et du renforcement de la résilience climatique. Cependant, le FMI a dû réaménager les calendriers de mise à disposition des fonds, la mise en œuvre des réformes ayant pris du retard.
Une reprise économique portée par le tourisme
Cette nouvelle aide du FMI intervient alors que l’économie cap-verdienne affiche une dynamique robuste. La croissance du produit intérieur brut a atteint 7,3% en 2024, soutenue par un regain du tourisme, une consommation privée dynamique et des exportations solides. Pour 2025, une croissance de 5,2% est prévue, un rythme toujours supérieur au potentiel historique du pays.
L’inflation est restée contenue autour de 2%, tandis que le système financier est jugé sain, liquide et bien capitalisé. Sur le plan budgétaire, les autorités ont dépassé les objectifs du programme, grâce à une hausse des recettes fiscales et à une meilleure maîtrise des dépenses. Le ratio dette/PIB, encore élevé, poursuit sa trajectoire descendante avec un objectif de 104,9% fin 2025, inférieur au niveau d’avant la pandémie.
Dans sa déclaration officielle, Bo Li, directeur général adjoint du FMI, a salué les progrès réalisés :
« L’activité économique au Cap-Vert a été vigoureuse en 2024 ; la croissance devrait rester supérieure à son potentiel en 2025, et les perspectives à court terme sont favorables malgré les risques. »
Des réformes climatiques en retard
Si les résultats du programme FEC sont jugés solides, le FMI souligne que la mise en œuvre des réformes prévues par la FSR reste en deçà des attentes. Le retard s’explique par la complexité technique des mesures et par les contraintes de capacité qui affectent l’administration publique.
Ce constat souligne un défi structurel auquel le Cap-Vert est confronté : absorber des projets ambitieux avec des ressources humaines et institutionnelles limitées. Le FMI insiste sur la nécessité d’investir davantage dans la planification, la gestion publique et l’amélioration du climat des affaires, afin d’accélérer les réformes et d’attirer des financements extérieurs.
Le niveau élevé de la dette publique, malgré sa trajectoire descendante, continue de constituer une vulnérabilité. Le recours à des financements concessionnels reste indispensable pour contenir les coûts du service de la dette. À cela s’ajoutent des risques exogènes : ralentissement du tourisme mondial, incertitudes commerciales internationales, chocs climatiques.
Une confiance prudente
Le FMI reste globalement confiant dans la trajectoire cap-verdienne, à condition que les réformes engagées se poursuivent. Il recommande aux autorités de protéger les dépenses sociales tout en maintenant les efforts de consolidation budgétaire. Il appelle également à des progrès dans la réforme des entreprises publiques, afin de réduire les risques budgétaires et d’améliorer la qualité des services.
Du côté monétaire, la Banque centrale du Cap-Vert a poursuivi la normalisation de sa politique. Grâce à une hausse des taux, les différentiels avec la Banque centrale européenne sont devenus positifs, ce qui contribue à préserver l’ancrage du taux de change avec l’euro et à sécuriser les réserves de change. En conclusion, le Cap-Vert bénéficie d’un appui renforcé du FMI, reflet de sa performance économique récente et de sa discipline budgétaire. Toutefois, la mise en œuvre des réformes structurelles, notamment dans le domaine climatique, reste en chantier. Pour transformer cette aide en levier durable de développement, le pays devra accélérer l’exécution de ses engagements, tout en renforçant ses capacités institutionnelles.