Ce mardi 28 janvier 2025, Barrick Gold et le gouvernement malien ont entamé une nouvelle série de négociations pour tenter de résoudre un conflit grandissant. Ce différend porte sur des impôts impayés et la saisie de près de trois tonnes d’or par les autorités maliennes dans l’une des plus grandes mines du pays, Loulo-Gounkoto, propriété de Barrick.
Le Mali a saisi cet or d’une valeur de 250 millions de dollars après que l’entreprise ait été accusée de ne pas avoir payé environ 500 millions de dollars d’impôts. Les autorités exigent maintenant 199 millions de dollars en arriérés d’impôts, tout en demandant la restitution de l’or saisi.
Ce conflit n’est pas isolé. Il fait partie d’un mouvement plus large à travers l’Afrique de l’Ouest, où des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger cherchent à renégocier leurs contrats miniers pour obtenir une plus grande part des richesses générées par leurs ressources naturelles. Ces gouvernements, dirigés par des militaires, veulent s’assurer que les multinationales comme Barrick contribuent davantage à l’économie locale.
Le Mali a adopté un nouveau code minier en 2023, une réforme qui oblige les entreprises comme Barrick à payer une plus grande part des revenus générés par leurs mines. Le code supprime également certaines exonérations fiscales dont bénéficiaient auparavant les sociétés minières. Pour Barrick, ce changement de règles a créé des tensions, d’autant plus que l’entreprise est accusée de ne pas avoir respecté ses obligations fiscales.
La suspension temporaire des opérations de Barrick au Mali pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’entreprise. Selon des analystes de Jefferies, cette suspension pourrait réduire ses bénéfices de 11% en 2025. Barrick, qui est le deuxième plus grand producteur d’or au monde, dépend en grande partie de ses activités en Afrique de l’Ouest. La suspension de la production dans une de ses plus grandes mines pourrait donc impacter de manière significative ses résultats financiers.
Le conflit est d’autant plus tendu que le gouvernement malien a émis un mandat d’arrêt contre Mark Bristow, le PDG de Barrick, et a procédé à l’arrestation de plusieurs employés de la société. L’issue des négociations reste incertaine. Le Mali pourrait choisir d’imposer de nouvelles sanctions ou de renégocier les termes du contrat pour obtenir une plus grande part des bénéfices de l’or extrait.
Les négociations entre Barrick et le Mali reflètent une tendance croissante dans la région : les gouvernements cherchent à obtenir une part plus équitable des revenus générés par l’exploitation minière. Si Barrick accepte de se conformer aux nouvelles règles, cela pourrait ouvrir la voie à une reprise des opérations et à une normalisation des relations. Mais, étant donné les enjeux financiers et politiques, l’issue demeure floue.
JM Gogbeu