Transition énergétique / Retrait américain du JETP : L’Afrique du Sud face à un défi énergétique et diplomatique

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Retrait américain du JETP : Pretoria face à un défi énergétique et diplomatique
Retrait américain du JETP : Pretoria face à un défi énergétique et diplomatique

L’Afrique du Sud doit faire face à un revers de taille dans sa transition énergétique. Les États-Unis ont annoncé leur retrait du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), réduisant de 1,5 milliard de dollars le financement prévu. Cette décision, motivée par des considérations politiques et diplomatiques, soulève des inquiétudes quant à la stabilité des engagements internationaux en matière d’énergie propre.

Le JETP : un levier clé pour la transition énergétique sud-africaine

Lancé en 2021 en marge de la COP26 de Glasgow, le JETP est un programme de financement soutenu par plusieurs grandes puissances, dont l’Union européenne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Son objectif principal est d’aider l’Afrique du Sud à réduire sa dépendance au charbon, qui représente encore plus de 80% de son électricité.

Avec le retrait américain, les engagements financiers passent de 13,8 milliards à 12,8 milliards de dollars. L’aide des États-Unis devait comprendre 56 millions de dollars de subventions et 1 milliard de dollars de financements via la Société américaine de financement du développement international (DFC). Contrairement à d’autres partenaires du programme, Washington n’avait pas proposé de prêt concessionnel, un type de financement à taux préférentiel essentiel pour les pays émergents.

Pourquoi les États-Unis se retirent-ils ?

L’annonce officielle du retrait a été faite le 28 février par l’ambassade des États-Unis en Afrique du Sud. Elle fait suite à deux décrets signés par Donald Trump en janvier et février 2025, inscrivant cette décision dans la continuité de la politique climatique de son administration, déjà marquée par son scepticisme vis-à-vis des engagements internationaux.

Mais ce retrait n’est pas seulement une question d’environnement. Il intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Pretoria et Washington. Plusieurs différends pèsent sur la relation entre les deux pays :

  • La position de Pretoria sur Israël, perçue comme hostile aux intérêts américains. L’Afrique du Sud a notamment porté plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice, ce qui a renforcé les critiques de Washington.
  • La nouvelle loi sud-africaine sur l’expropriation des terres, qui permet de confisquer certaines terres agricoles sans compensation. Donald Trump a dénoncé cette réforme, affirmant—sans preuve—qu’elle cible les agriculteurs afrikaans.

Ces tensions pourraient affecter d’autres aspects de la coopération économique entre les deux pays, notamment le commerce et les investissements dans les infrastructures.

Un signal négatif pour la transition énergétique

Malgré cette annonce, les autres bailleurs de fonds du JETP réaffirment leur soutien à Pretoria. Joanne Yawitch, directrice du JET PMU, a tenu à rassurer les parties prenantes : « Tous les autres partenaires de l’IPG restent fermement engagés à soutenir le projet JET IP de l’Afrique du Sud. »

Pour compenser la perte du financement américain, l’Afrique du Sud envisage d’autres alternatives, notamment des négociations avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Toutefois, ce retrait met en lumière un problème plus large : la vulnérabilité des pays émergents face aux revirements politiques des grandes puissances.

Les projets de transition énergétique nécessitent des financements stables et de long terme. Or, chaque retrait ou réduction des engagements fragilise leur mise en œuvre et envoie un signal négatif aux investisseurs.

Un levier de négociation pour Pretoria ?

Face à cette situation, Pretoria pourrait retourner la situation à son avantage. L’Afrique du Sud cherche actuellement à accélérer ses négociations avec les États-Unis sur l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL). En jouant sur cette dépendance énergétique croissante, le gouvernement sud-africain pourrait tenter d’obtenir des compensations économiques ou de rétablir un dialogue plus favorable avec Washington.

Une transition énergétique sous pression

Le retrait américain du JETP illustre la fragilité des engagements internationaux en matière de transition énergétique. L’Afrique du Sud devra désormais jongler entre la recherche de nouveaux financements et la gestion de ses relations diplomatiques.

Ce dossier met en évidence une réalité incontournable : la transition énergétique est indissociable des rapports de force géopolitiques. Reste à savoir si Pretoria saura transformer cet obstacle en opportunité pour rééquilibrer ses alliances et garantir la réussite de son programme énergétique.

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