Burkina Faso : Croissance solide, mais la diversification reste un défi crucial

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Burkina Faso : Croissance solide, mais la diversification reste un défi crucial
Burkina Faso : Croissance solide, mais la diversification reste un défi crucial

En 2024, le Burkina Faso a enregistré une croissance impressionnante de 5,1%, marquant un redressement significatif après une croissance modeste de 3% en 2023. Cette amélioration, bien que bienvenue, s’inscrit dans un contexte encore fragile. Selon le rapport présenté lors du Conseil des ministres du 19 mars 2025, cette performance économique est en grande partie attribuée à la reprise du secteur primaire, soutenue par des initiatives présidentielles visant à dynamiser l’agriculture, même si le secteur aurifère, clé de l’économie, a continué de rencontrer des difficultés.

Une croissance portée par l’agriculture et les services

Le secteur primaire, notamment l’agriculture, a enregistré une progression de 2,5%, bien que largement tributaire des conditions climatiques et sécuritaires. L’initiative gouvernementale visant à améliorer les rendements agricoles a porté ses fruits, avec un soutien accru aux producteurs locaux. Toutefois, cette croissance reste vulnérable aux aléas climatiques et à la situation sécuritaire du pays, qui peuvent influencer directement la productivité.

En parallèle, le secteur tertiaire a connu une forte croissance de 2,8%, soutenue par les services dans les domaines des télécommunications, du commerce et des transports. Cela montre que le Burkina Faso bénéficie d’une dynamique dans les services, secteur moins dépendant des ressources naturelles. Cependant, un autre défi majeur persiste : la faiblesse du secteur secondaire. Ce dernier, qui englobe l’industrie, a enregistré une contraction de 0,2%, soulignant la nécessité de diversifier l’économie du pays. En effet, la dépendance au secteur aurifère reste une faiblesse structurelle, et une véritable stratégie de renforcement industriel est devenue impérative pour éviter de trop fortes vulnérabilités face aux fluctuations des prix des matières premières.

Inflation et finances publiques : des signes de stabilité

L’inflation, bien que demeurant une préoccupation pour de nombreux pays en développement, s’est stabilisée à un niveau modéré de 4,2% en 2024. Cette stabilité est en grande partie due aux politiques monétaires restrictives mises en œuvre par la BCEAO depuis 2023, combinées à des mesures gouvernementales visant à contrôler les prix des produits de première nécessité. Toutefois, la gestion de l’inflation reste un défi constant, car des facteurs externes, tels que les fluctuations des prix mondiaux, continuent de peser sur le marché national.

Sur le plan des finances publiques, les recettes de l’État devraient atteindre 3 105 milliards FCFA en 2024, soit une augmentation de 15,2% par rapport à l’année précédente. Cette progression montre une nette amélioration de la capacité du pays à mobiliser des ressources fiscales. En revanche, les dépenses publiques ont augmenté de 7,6%, traduisant les efforts soutenus du gouvernement pour investir dans les infrastructures et la sécurité nationale, en dépit des tensions géopolitiques persistantes dans la région.

Des perspectives optimistes pour 2025-2027

Les prévisions pour les années à venir sont globalement positives. En 2025, le Burkina Faso devrait enregistrer une croissance de 5,6%, grâce à une amélioration continue de la situation sécuritaire et une bonne récolte agricole. L’un des principaux défis pour atteindre ces objectifs réside dans la gestion des tensions géopolitiques et sécuritaires. En 2026 et 2027, la croissance devrait demeurer robuste, bien que légèrement plus modérée, à 6,4% et 4,7% respectivement.

Cette stabilité future repose sur plusieurs facteurs cruciaux : la gestion des tensions internes et externes, la poursuite des réformes économiques, ainsi qu’un soutien continu aux secteurs porteurs comme l’agriculture et les services. Si ces conditions sont réunies, l’inflation devrait rester maîtrisée, avec une prévision de 1,5% en moyenne annuelle.

Un avenir prometteur mais fragile

En résumé, le Burkina Faso semble bien engagé sur la voie d’un redressement économique, avec des perspectives de croissance solides pour les années à venir. Cependant, des défis importants subsistent, notamment dans la diversification de l’économie et la gestion des tensions internes et externes. Le pays doit impérativement renforcer ses capacités industrielles, réduire sa dépendance aux matières premières et continuer à mener des réformes structurelles pour assurer une croissance durable. En outre, la stabilité politique et sécuritaire sera un facteur clé pour permettre au pays de concrétiser ses prévisions optimistes.

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