En dépit d’un climat mondial marqué par des tensions géopolitiques persistantes, une inflation tenace et des taux d’intérêt élevés, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a livré une performance financière historique en 2024. En dévoilant ses états financiers annuels, l’institution panafricaine confirme son rôle de moteur stratégique dans le financement du commerce intra-africain et sa capacité à croître de manière soutenue, même en période de turbulences.
Une rentabilité en nette progression dans un contexte adverse
Avec un bénéfice net de 973,5 millions de dollars, en hausse de 29% par rapport à 2023, Afreximbank réalise l’un des meilleurs exercices de son histoire. Cette performance est alimentée par une croissance de 23% du revenu total, qui atteint désormais 3,3 milliards de dollars, et un revenu net d’intérêts en progression de 25%, à 1,8 milliard de dollars.
Cette rentabilité accrue témoigne de la solidité du modèle économique de la Banque, qui parvient à générer de la valeur tout en accompagnant les besoins des économies africaines confrontées à des tensions de liquidité et aux défis du financement du commerce international.
Des gains d’efficacité malgré des charges en hausse
Cette dynamique s’est accompagnée d’une optimisation des opérations. Bien que les charges d’exploitation aient progressé de 21%, le ratio coûts/revenus a été réduit à 18%, contre 19% un an plus tôt. Cela reflète une gestion rigoureuse des ressources et l’efficacité des investissements réalisés dans les processus internes et le capital humain.
Afreximbank poursuit en effet son expansion opérationnelle, nécessitant des recrutements stratégiques pour soutenir son développement à l’échelle continentale. Cette politique de croissance maîtrisée permet à la Banque d’accroître son empreinte sans compromettre sa performance.
Une base financière renforcée par des investissements structurants
Les actifs totaux du Groupe ont augmenté de 7,55%, atteignant 40,1 milliards de dollars, grâce à l’expansion du portefeuille de prêts, de garanties, de lettres de crédit et d’investissements stratégiques. Cette hausse illustre l’élargissement des activités d’Afreximbank au service de la transformation industrielle et du commerce intra-africain.
Les immobilisations corporelles, quant à elles, ont bondi de 33%, à 436,4 millions de dollars, stimulées notamment par la construction du Centre commercial africain d’Afreximbank (AATC) à Abuja (Nigéria) et Harare (Zimbabwe), projets phares de l’institution pour renforcer la connectivité commerciale régionale.
Parallèlement, les fonds propres ont progressé de 17%, pour atteindre 7,2 milliards de dollars, grâce à l’accumulation du bénéfice net, au versement de 314,5 millions de dollars de dividendes, et au succès du deuxième programme général d’augmentation de capital (GCI II).
Une reconnaissance continentale sur les marchés de capitaux
Sur les marchés financiers africains, la Banque a consolidé son leadership. Afreximbank s’est classée première dans trois catégories du classement 2024 de Bloomberg Capital Markets League Tables : teneur de livres, agent administratif et chef de file mandaté pour les émissions en Afrique subsaharienne. Cette triple distinction souligne la confiance des investisseurs dans sa capacité à structurer et mobiliser des financements innovants pour les États et entreprises africains.
Une expansion géographique soutenue par la diplomatie économique
En 2024, la Banque a renforcé sa couverture continentale avec l’adhésion de la Libye et de la Somalie, portant à 54 le nombre d’États membres africains. Au-delà de l’Afrique, Afreximbank étend également son influence dans la région Caraïbes, avec 12 des 15 pays de la CARICOM ayant signé l’accord de participation. Cette initiative vise à créer un espace de coopération Sud-Sud, plus intégré et plus dynamique.
Des filiales stratégiques au service de l’industrialisation africaine
Les entités spécialisées du Groupe ont poursuivi leur expansion. Le Fonds pour le développement des exportations en Afrique (FEDA) a atteint un portefeuille de 500 millions de dollars, orienté vers des secteurs structurants comme l’industrie, la finance, l’agroalimentaire et la santé. Dans le même temps, AfrexInsure, la branche assurance, a couvert 3,54 milliards de dollars d’actifs dans 17 pays, avec 97% des primes placées auprès d’assureurs panafricains, favorisant le développement de l’écosystème assurantiel local.
Vers une intégration monétaire concrète avec le PAPSS
Afreximbank continue de jeter les bases d’une intégration monétaire africaine. Son Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) a désormais connecté 144 banques commerciales et 16 banques centrales. En parallèle, le lancement du African Currency Marketplace (PACM), qui pilote la gestion de 12 devises africaines, constitue une avancée stratégique pour résoudre les blocages liés au rapatriement de fonds intra-africains.
Une stratégie de financement diversifiée et tournée vers l’Asie
Dernier fait marquant : la Banque a émis en 2024 ses premières obligations Samurai au Japon, totalisant plus de 81 milliards de yens, notées A- par Japan Credit Rating Agency. Cette opération illustre la stratégie proactive d’Afreximbank pour diversifier ses sources de financement et accéder à de nouveaux marchés de capitaux, au-delà des sphères traditionnelles occidentales.
Une institution prête pour les grands défis du continent
En capitalisant sur sa performance exceptionnelle, Afreximbank confirme son rôle de catalyseur du développement économique africain. Grâce à sa stratégie multidimensionnelle — qui articule financement, assurance, innovation numérique et développement des marchés de capitaux — la Banque trace une trajectoire claire vers une Afrique plus résiliente, industrialisée et intégrée économiquement.
« À l’avenir, la conjoncture économique mondiale devrait rester volatile, les pressions inflationnistes, le durcissement des conditions financières et les incertitudes géopolitiques constituant des risques potentiels. La Banque continuera de jouer son rôle d’institution d’importance systémique, en équilibrant croissance, liquidité, rentabilité et gestion des risques tout en poursuivant une expansion durable », a commenté Denys Denya, vice-président exécutif principal de l’institution.
