L’Éthiopie dope son économie avec un record de 1,5 milliard de dollars d’exportations de café en neuf mois

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Dans les hautes terres d’Éthiopie, là où le café est bien plus qu’une culture mais une tradition ancestrale, les producteurs ont de quoi se réjouir. Entre juillet 2024 et mars 2025, le pays a réalisé une prouesse économique en exportant 299 607 tonnes de café, générant ainsi 1,5 milliard de dollars. Une performance en hausse de 81% par rapport à l’année précédente, qui témoigne non seulement de la vitalité d’un secteur clé, mais aussi de la résilience d’un peuple profondément attaché à ce produit emblématique.

Cette envolée des exportations s’inscrit dans une dynamique de croissance soutenue, avec une augmentation de 72% des volumes par rapport à la même période de l’année passée. L’Arabie saoudite (53 844 tonnes), l’Allemagne (51 107 tonnes) et les États-Unis (23 344 tonnes) se disputent les meilleures fèves éthiopiennes, notamment les variétés prisées comme Yirgacheffe et Sidamo, reconnues dans le monde entier pour leurs arômes floraux et leur finesse. Une reconnaissance internationale qui, pour les petits producteurs, représente bien plus qu’un simple succès commercial : c’est une source de fierté et un espoir de vie meilleure.

Au-delà des chiffres, c’est toute une économie nationale qui repose sur ces grains bruns. Le café représente à lui seul près d’un tiers des exportations du pays. Environ 15 millions de personnes – soit 15% de la population – vivent directement ou indirectement de sa culture, de la cueillette à la commercialisation. Dans les campagnes, chaque récolte est une affaire de famille, de village, et parfois de survie. Les revenus générés participent non seulement au renforcement des réserves de devises du pays, essentielles pour ses importations, mais soutiennent aussi des projets publics vitaux dans les domaines de la santé, de l’éducation ou des infrastructures.

Derrière ce succès, plusieurs facteurs ont joué un rôle décisif. Des conditions climatiques favorables ont permis une production abondante. Parallèlement, l’Autorité éthiopienne du café et du thé a redoublé d’efforts pour améliorer la qualité et la traçabilité des grains, répondant ainsi aux exigences croissantes des consommateurs internationaux. À cela s’ajoute une demande mondiale toujours forte pour les cafés de spécialité, dans laquelle l’Éthiopie excelle. Les marchés européens et nord-américains, notamment, sont de plus en plus sensibles à l’authenticité et à la singularité des cafés éthiopiens.

Mais cette réussite, aussi éclatante soit-elle, demeure fragile. Le secteur reste à la merci des fluctuations des prix sur le marché mondial, influencés par les récoltes au Brésil ou en Colombie. Plus inquiétant encore, le changement climatique menace sérieusement la stabilité des rendements : sécheresses prolongées, apparition de maladies, dégradation des sols… les défis sont nombreux. Pour y faire face, l’Éthiopie mise sur des pratiques agricoles durables, l’introduction de variétés plus résistantes et la promotion des certifications biologiques. Autant de mesures qui visent à protéger non seulement les plantations, mais aussi les communautés qui en dépendent.

Dans cette logique de résilience et de développement, le pays ne compte pas s’arrêter là. Il explore de nouveaux marchés, notamment en Asie, avec la Chine et le Japon en ligne de mire, où la consommation de café connaît un essor remarquable. En parallèle, les autorités encouragent la transformation locale – torréfaction, conditionnement, exportation de produits finis – afin de maximiser la valeur ajoutée sur place. Une stratégie qui permettrait au pays de ne plus se contenter d’exporter des matières premières, mais de devenir un acteur complet de la chaîne de valeur.

En atteignant ce record historique, l’Éthiopie affirme sa place de leader dans le secteur agricole en Afrique. D’autres pays du continent, comme le Rwanda ou le Kenya, suivent attentivement ce modèle qui combine volume, qualité et stratégie commerciale. Mais pour maintenir cet élan, il faudra poursuivre les efforts, notamment en matière d’innovation, de formation des producteurs et d’adaptation aux transformations globales du marché.

Les 1,5 milliard de dollars générés par les exportations de café ne sont pas qu’un chiffre impressionnant. Ils incarnent les espoirs de milliers de familles, la reconnaissance d’un savoir-faire ancestral, et l’ambition d’un pays qui entend faire du café un levier durable de son développement économique. À travers ces grains soigneusement cueillis à la main, c’est toute l’Éthiopie qui rêve, lutte et avance.

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