L’économie ouest-africaine franchit un nouveau cap. Pour la première fois depuis sa création, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) s’implante dans un État membre en ouvrant un bureau de représentation en Côte d’Ivoire. Une décision hautement symbolique, mais surtout stratégique, dans un contexte où la dynamique d’intégration régionale exige des relais plus proches du terrain.
Un signal fort à l’échelle de la CEDEAO
Cette implantation physique marque une volonté claire de la BIDC : renforcer sa présence opérationnelle pour accélérer ses interventions sur le continent. Jusqu’ici centralisée à Lomé (Togo), son siège, la Banque étend ainsi son rayon d’action pour mieux accompagner les États membres. Et ce n’est pas un hasard si le choix s’est porté sur Abidjan.
Avec des performances macroéconomiques saluées par les agences de notation internationales — BB, perspective stable selon S&P ; Ba2, perspective stable selon Moody’s — la Côte d’Ivoire fait figure de locomotive économique en Afrique de l’Ouest. Elle concentre une partie importante des investissements structurants de la région, notamment dans les infrastructures, l’énergie, l’agro-industrie ou encore le transport.
Un levier pour le secteur privé régional
Ce bureau pays aura plusieurs fonctions clés : appui technique aux projets, identification d’opportunités d’investissement, proximité avec les bénéficiaires, suivi des engagements… Il agira comme un catalyseur pour les acteurs économiques, en particulier pour le secteur privé ivoirien et les investisseurs transfrontaliers.
La BIDC compte ainsi faire d’Abidjan une plateforme régionale, avec une zone de couverture incluant cinq autres États : le Libéria, la Sierra Leone, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal. De quoi créer des synergies nouvelles dans une région encore confrontée à un déficit criant en matière d’infrastructures et de financement inclusif.
Déjà plus de 500 milliards FCFA engagés en Côte d’Ivoire
À ce jour, les engagements cumulés de la Banque en Côte d’Ivoire s’élèvent à environ 567 milliards de francs CFA, soit près de 940 millions de dollars. Un chiffre qui témoigne déjà de l’ancrage fort de la BIDC dans le tissu économique ivoirien, mais que ce bureau devrait permettre d’amplifier.
Les autorités ivoiriennes voient dans cette implantation une opportunité pour renforcer le partenariat entre la Côte d’Ivoire et la CEDEAO sur le terrain. Pour la ministre de l’Économie, du Plan et du Développement, ce rapprochement doit notamment permettre de mieux cibler les financements vers des secteurs porteurs et à fort impact social.
Une présence locale pour des défis globaux
Au-delà des montants engagés, cette installation traduit un changement de paradigme dans la manière dont les institutions régionales opèrent. L’heure est à la proximité, à la réactivité et à la co-construction. Dans un contexte de tensions géopolitiques, de chocs économiques mondiaux et de besoins croissants en investissements durables, les pays d’Afrique de l’Ouest ont besoin de partenaires solides et disponibles.
En s’installant à Abidjan, la BIDC ne fait pas que poser ses valises. Elle choisit d’ancrer son action au plus près des réalités du terrain. Une décision qui pourrait, à terme, transformer son mode d’intervention à l’échelle de toute la sous-région.
