Angola : l’inflation tombe à 20,7%, mais les prix alimentaires restent hors de portée

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Angola : l’inflation tombe à 20,7%, mais les prix alimentaires restent hors de portée
Angola : l’inflation tombe à 20,7%, mais les prix alimentaires restent hors de portée

L’Angola enregistre un recul notable de l’inflation. Selon l’Institut national de la statistique (INE), la hausse des prix à la consommation s’est établie à 20,74% en juin 2025, contre 22,32% le mois précédent et 30,16% un an plus tôt. Cette décrue de près de 10 points sur douze mois s’inscrit dans une tendance baissière amorcée depuis août 2024, offrant un répit dans un pays longtemps confronté à une forte érosion du pouvoir d’achat.

La dynamique actuelle s’explique notamment par la politique monétaire restrictive de la Banque nationale d’Angola (BNA), qui a maintenu son taux directeur à 19,5% depuis novembre 2023. L’institution poursuit également ses interventions sur le marché des changes, contribuant à stabiliser le kwanza, fortement déprécié en 2023. En parallèle, l’amélioration de l’offre de biens de consommation et le ralentissement de l’inflation importée ont soutenu la tendance.

Malgré cette amélioration, les prix alimentaires continuent d’exercer une pression importante sur les ménages. Le secteur « Alimentation et boissons non alcoolisées » a contribué à hauteur de 0,76 point à l’indice général en mai 2025, dans un pays où ces produits pèsent près de 69% du panier de consommation. L’inflation alimentaire atteignait encore 20,3% début 2025, un niveau parmi les plus élevés du continent, selon les données disponibles.

Cette situation est le résultat combiné de facteurs structurels et conjoncturels. La forte dépréciation du kwanza en 2023 (+44% selon le FMI) a renchéri le coût des importations alimentaires, tandis que les sécheresses de 2020-2021 ont affaibli la production locale. Le poids du panier alimentaire dans le budget des ménages reste élevé, dans un contexte de chômage important (30,8% au troisième trimestre 2024, d’après l’INE) et de faible emploi formel.

Par ailleurs, la suppression progressive des subventions sur les carburants, amorcée en juin 2023, a renforcé les tensions inflationnistes, notamment via la hausse du coût du transport et de l’énergie. Ces réformes, bien qu’indispensables pour rétablir les équilibres budgétaires, pèsent à court terme sur les conditions de vie. La croissance économique, attendue à 3,2% en 2025 selon la Banque mondiale, repose essentiellement sur les secteurs non pétroliers, tandis que la production de brut poursuit sa lente érosion.

Les prévisions restent contrastées. Le FMI table sur une inflation de 12,4% d’ici fin 2025, sous réserve de la poursuite des ajustements macroéconomiques et de l’amélioration de la production intérieure. Toutefois, la Banque mondiale estime que la pauvreté restera élevée, à environ 36% en 2026, en raison de la stagnation du revenu par habitant et de la vulnérabilité aux chocs extérieurs, notamment les fluctuations du cours du pétrole.

Dans la région, certains pays enregistrent des résultats plus marqués. Le Mozambique, par exemple, a réduit son taux directeur à 11% en juin 2025, soutenu par une inflation maîtrisée à 6,8% grâce à une production agricole plus robuste. Une comparaison qui rappelle à l’Angola l’urgence de renforcer sa résilience, en particulier par la diversification de son économie et l’investissement dans l’agriculture. Malgré la décrue de l’inflation, la situation économique demeure fragile. Si les réformes engagées se poursuivent et s’accompagnent d’un soutien ciblé aux populations vulnérables, le pays pourrait consolider ses récents progrès. En l’état, les ménages continuent de faire face à des conditions difficiles, dans un contexte où les signaux positifs restent encore trop précaires pour parler de véritable stabilisation.

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