Mali : une première raffinerie d’or pour capter la valeur ajoutée

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Mali : une première raffinerie d’or pour capter la valeur ajoutée
Mali : une première raffinerie d’or pour capter la valeur ajoutée

Le 16 juin 2025, à Sénou, près de Bamako, les autorités maliennes ont lancé la construction de la première raffinerie d’or du pays. Le président de la Transition, le général Assimi Goïta, a posé la première pierre de ce projet piloté par la Société de Raffinerie d’Or du Mali (SOMIRAM). Cette initiative, développée en partenariat avec l’entreprise russe Yadran, vise à transformer localement une partie de l’or extrait sur le territoire national.

Un outil industriel aux ambitions régionales

Dotée d’une capacité annoncée de 200 tonnes par an, la future raffinerie se positionnerait comme la plus importante d’Afrique de l’Ouest, selon les autorités maliennes. Elle devrait permettre de produire de l’or raffiné à 99,99% de pureté, alors que le pays se contente jusqu’ici d’exporter l’or sous forme brute. L’État malien détient 62% du capital de la société en charge du projet, ce qui lui assure un contrôle majoritaire sur la gouvernance.

Une tentative de reprise en main du secteur aurifère

Le projet s’inscrit dans un contexte de réforme du secteur minier. Le Mali, troisième producteur d’or d’Afrique derrière le Ghana et l’Afrique du Sud, a produit environ 51 tonnes d’or industriel en 2024, selon les données officielles. Le métal jaune représente à lui seul près de 10% du PIB et plus de 80% des recettes d’exportation du pays.

Jusqu’ici, la quasi-totalité de l’or extrait au Mali était envoyée à l’étranger, principalement en Suisse, pour y être raffiné. Ce processus prive le pays d’une partie importante de la chaîne de valeur. Avec cette infrastructure, les autorités entendent renforcer les capacités nationales de transformation, améliorer les recettes fiscales et générer de l’emploi local.

Une réforme minière en toile de fond

La mise en chantier de cette raffinerie intervient dans le sillage de l’adoption d’un nouveau Code minier en 2023. Ce texte accorde à l’État une part accrue dans les projets miniers, tout en encourageant la transformation locale des ressources naturelles. Les autorités cherchent également à mieux encadrer l’orpaillage artisanal, secteur dont une production estimée entre 6 et 30 tonnes par an échapperait au circuit officiel, notamment à travers la contrebande.

Un partenariat révélateur des nouvelles orientations diplomatiques

Le partenariat avec la société russe Yadran illustre la reconfiguration des alliances stratégiques du Mali. Depuis 2020, Bamako a progressivement distendu ses liens avec certains partenaires historiques, comme la France, pour se rapprocher d’acteurs perçus comme plus respectueux de sa souveraineté. La Russie apparaît désormais comme un partenaire privilégié dans plusieurs secteurs clés, dont les mines.

Cependant, peu d’informations ont filtré sur les modalités techniques et financières du partenariat avec Yadran, ni sur l’expertise précise de l’entreprise dans le raffinage aurifère. Ces éléments restent à clarifier.

Retombées économiques attendues mais incertaines

Les autorités annoncent la création de 500 emplois directs et 2 000 emplois indirects. La transformation locale devrait permettre au Mali d’exporter de l’or fini, plus rentable, ce qui pourrait améliorer les recettes fiscales et réduire la dépendance aux raffineries étrangères.

Toutefois, aucun calendrier précis n’a été communiqué quant à la mise en service de l’infrastructure. L’ampleur du chantier et le contexte économique et sécuritaire complexe du pays laissent subsister des incertitudes quant à son aboutissement rapide.

Une ambition régionale

Le Mali espère, à terme, devenir un centre de raffinage régional, à l’instar du Ghana qui a mis en place sa propre raffinerie. Si l’objectif de 200 tonnes est atteint, le pays pourrait en effet traiter une partie de l’or issu des États voisins. Cette perspective reste néanmoins conditionnée à la concrétisation du projet, au renforcement de la transparence dans la filière aurifère, et à une amélioration durable du climat des affaires.

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