Coopération internationale : Ottawa muscle sa diplomatie économique en Afrique

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Ottawa muscle sa diplomatie économique en Afrique
Ottawa muscle sa diplomatie économique en Afrique

Le 18 juin 2025 à Ottawa, le ministre canadien du Commerce international, Maninder Sidhu, a reçu plusieurs diplomates africains dans le cadre de la Stratégie du Canada pour l’Afrique. Objectif : consolider les échanges commerciaux avec un continent dont le dynamisme économique et démographique attire de plus en plus les puissances occidentales. Avec cette rencontre, Ottawa affirme sa volonté de rattraper son retard face à des partenaires comme la Chine et l’Union européenne.

Une stratégie multiministérielle pour diversifier les partenaires

Lancée en mars 2025 et portée conjointement par Mélanie Joly (Affaires étrangères), Mary Ng (Commerce international) et Ahmed Hussen (Développement international), la Stratégie du Canada pour l’Afrique s’inscrit dans une volonté claire : diversifier les partenariats économiques du pays, trop dépendants des États-Unis et de la Chine. Selon Maninder Sidhu, il s’agit de bâtir « une prospérité partagée » avec les 54 pays du continent.

Le volume des échanges commerciaux entre le Canada et l’Afrique a atteint 15,1 milliards de dollars en 2024, en hausse de 30% sur cinq ans. Mais ce chiffre ne représente encore que moins de 2% du commerce extérieur canadien — un déséquilibre que le gouvernement souhaite corriger.

Un outil central : l’African Trade Hub

Au cœur des discussions du 18 juin, la mise en place de l’African Trade Hub. Présentée comme une plateforme de mise en relation entre les entreprises canadiennes et les marchés africains, cette initiative cible des secteurs jugés stratégiques : énergies renouvelables, infrastructures, et minéraux critiques, essentiels à la transition énergétique.

Le projet s’articule également autour du soutien à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), vaste marché de 1,4 milliard de consommateurs. Ottawa y apporte une assistance technique et négocie des accords d’investissement, dont huit sont déjà en vigueur, notamment avec le Nigeria et l’Égypte.

Une offensive diplomatique structurée

Le Canada accompagne cette dynamique économique d’un réarmement diplomatique. Depuis 2024, un protocole d’entente avec l’Union africaine a été signé pour instaurer un dialogue régulier. Par ailleurs, trois nouvelles ambassades ont été ouvertes au Bénin, en Zambie et au Rwanda, illustrant une volonté de présence plus marquée sur le terrain.

Une mission commerciale conduite prochainement par la ministre Mary Ng viendra consolider ces engagements. En parallèle, Ottawa veut s’appuyer sur sa diaspora africaine, forte de 1,3 million de personnes, en mettant en place un mécanisme d’implication de cette communauté dans le développement des échanges.

Des opportunités, mais aussi des défis

Les discussions ont permis d’identifier plusieurs filières prioritaires pour les investisseurs canadiens. Outre les minéraux critiques, les infrastructures et les énergies renouvelables sont au centre des attentions. L’Institution de financement du développement du Canada (FinDev Canada), dotée d’un nouveau bureau en Afrique du Sud, jouera un rôle clé dans l’appui aux projets.

Mais les obstacles restent nombreux. Le retard canadien face à la Chine ou l’Union européenne est réel, et les entreprises doivent composer avec des environnements réglementaires parfois instables. Ottawa promet un accompagnement renforcé, sans en préciser les modalités.

Un partenariat à concrétiser

Si la dynamique est lancée, le succès de cette stratégie dépendra de sa mise en œuvre effective. L’African Trade Hub et la mission commerciale à venir seront des tests concrets. Les diplomates africains ont salué l’initiative, mais attendent des résultats tangibles. Ottawa, de son côté, mise sur un modèle de partenariat fondé sur les investissements responsables et les transferts de technologie.

Dans un contexte géopolitique mouvant, ce virage vers l’Afrique pourrait offrir au Canada de nouvelles marges de manœuvre économiques. Encore faudra-t-il transformer cet élan diplomatique en relations commerciales durables et équilibrées.

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