Gabon : l’État met un coup d’arrêt aux exonérations fiscales incontrôlées

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Gabon : l’État met un coup d’arrêt aux exonérations fiscales incontrôlées
Gabon : l’État met un coup d’arrêt aux exonérations fiscales incontrôlées

Face à un manque à gagner budgétaire estimé à plus de 1 000 milliards FCFA en trois ans, le gouvernement gabonais lance une vaste opération de nettoyage dans le système des exonérations fiscales. Le chef de l’État a ordonné la suspension immédiate de tout nouveau régime dérogatoire et initié une réforme pour en rationaliser l’usage.

Le Gabon amorce un tournant dans la gestion de ses finances publiques. Lors du Conseil des ministres du 20 juin 2025, le président de la République a annoncé une série de mesures pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « dérives fiscales ». L’objectif : redresser les comptes publics en assainissant un système d’exonérations jugé opaque, coûteux et peu efficace.

Selon les chiffres communiqués par le gouvernement, les exonérations fiscales accordées ces trois dernières années ont représenté un manque à gagner cumulé de plus de 1 000 milliards FCFA (environ 1,8 milliard de dollars). Dans le détail, la fiscalité intérieure aurait été amputée de 682,67 milliards, tandis que la fiscalité de porte, c’est-à-dire les taxes à l’importation, aurait perdu 376,55 milliards. Un niveau jugé préoccupant dans un contexte où les ressources budgétaires sont sous tension.

Si les régimes dérogatoires sont souvent utilisés pour attirer les investissements ou soutenir certains secteurs, leur multiplication sans évaluation rigoureuse peut finir par affaiblir l’ensemble de l’économie. C’est ce que semble constater l’exécutif gabonais, qui entend désormais reprendre le contrôle.

Trois décisions fortes ont été annoncées. D’abord, la suspension immédiate et conservatoire de toute nouvelle exonération fiscale pour une durée de trois mois. Cette période permettra de freiner l’hémorragie en attendant un état des lieux complet.

Ensuite, le président a ordonné le lancement d’un audit de performance et de pertinence de l’ensemble des dispositifs fiscaux et douaniers dérogatoires. Il s’agira d’évaluer l’utilité réelle de ces avantages : quels secteurs en bénéficient ? Quelles retombées concrètes en termes d’emploi, de croissance ou de recettes ?

Enfin, une réforme des conditions d’éligibilité à ces régimes est prévue. Elle sera fondée sur trois critères : la transparence, l’équité et l’impact économique mesurable. Le gouvernement souhaite ainsi réserver les incitations fiscales aux acteurs qui démontrent leur contribution effective à l’économie nationale.

« Restaurer la justice fiscale, sécuriser les ressources budgétaires, et mettre fin aux privilèges inefficaces accordés à certains secteurs, au détriment de l’intérêt général » : tels sont les mots employés dans le communiqué final du Conseil des ministres pour justifier cette réorientation.

Cette réforme s’inscrit dans le cadre plus large du redressement de la Ve République. Elle vise à aligner les politiques fiscales sur les priorités économiques et sociales du pays, dans une logique de rigueur et de performance.

Reste à savoir comment ces mesures seront appliquées sur le terrain et si elles parviendront à concilier exigence budgétaire et attractivité économique. Le pari de la transparence et de l’équité fiscale est posé — sa réussite dépendra désormais de sa mise en œuvre concrète.

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