Côte d’Ivoire / Budget 2025 : recettes en hausse, dépenses sociales maintenues, fiscalité resserrée

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Côte d'Ivoire / Budget 2025 : recettes en hausse, dépenses sociales maintenues, fiscalité resserrée
Côte d'Ivoire / Budget 2025 : recettes en hausse, dépenses sociales maintenues, fiscalité resserrée

Au terme du premier trimestre 2025, les finances publiques ivoiriennes affichent une dynamique contrastée. D’un côté, les recettes de l’État dépassent largement les prévisions initiales. De l’autre, les dépenses restent soutenues, même si l’exécution budgétaire semble maîtrisée dans ses grandes lignes. C’est ce qui ressort de la communication présentée au Conseil des ministres du 2 juillet 2025, consacrée à l’exécution budgétaire à fin mars.

Une mobilisation supérieure aux attentes

Sur les trois premiers mois de l’année, les ressources mobilisées pour le financement du budget s’élèvent à 3 707 milliards FCFA, contre une prévision de 3 200,7 milliards, soit un taux de réalisation de 115,8%. Cette performance repose sur deux piliers : d’abord, les recettes budgétaires — qui incluent les impôts, les recettes non fiscales et les dons — atteignent 1 647,8 milliards FCFA ; ensuite, les ressources de trésorerie apportent 2 059,2 milliards FCFA.

Cette mobilisation accrue témoigne d’une efficacité notable dans la collecte des recettes, mais aussi d’un recours significatif aux financements de trésorerie. Ce dernier point appelle à la prudence, car une trop forte dépendance aux instruments de dette peut fragiliser les équilibres budgétaires à moyen terme.

Des dépenses globalement maîtrisées, mais élevées

En face des recettes, les dépenses exécutées au 31 mars 2025 s’établissent à 3 600,3 milliards FCFA, pour une prévision de 3 241,6 milliards, soit 111,1% de taux d’exécution. Ce dépassement reste contenu, mais il reflète une pression persistante sur les finances publiques.

L’effort d’investissement, quant à lui, reste en retrait par rapport aux prévisions. Les dépenses d’investissement atteignent 640,8 milliards FCFA, contre 781,4 milliards attendus, soit un taux d’exécution de 82%. Cette sous-exécution, bien qu’elle contribue à limiter le creusement du déficit, pourrait aussi freiner la réalisation des projets structurants du gouvernement.

Le social reste une priorité budgétaire

En dépit de cette pression sur les dépenses, les secteurs sociaux ont bénéficié d’une attention soutenue. Les dépenses dédiées à la lutte contre la pauvreté et à la réduction des disparités sociales s’élèvent à 898 milliards FCFA, soit au-dessus du minimum prévu de 844,8 milliards. De même, les dépenses sociales spécifiques atteignent 283,1 milliards, contre un objectif plancher de 244 milliards.

Ces niveaux d’exécution traduisent la volonté des autorités de maintenir l’effort social, dans un contexte où les inégalités et la vulnérabilité économique demeurent fortes.

Exonérations : un encadrement renforcé

Sur le front fiscal, le gouvernement affiche également sa volonté de rationaliser les incitations. À fin mars 2025, le coût des exonérations fiscales et douanières est estimé à 129,2 milliards FCFA, contre 136,9 milliards un an plus tôt, soit une baisse de 7,7 milliards. Cette diminution est attribuée à la réduction des avantages accordés aux projets publics ainsi qu’aux entreprises minières et pétrolières.

Les secteurs Industrie et Services concentrent l’essentiel des exonérations : 46 milliards FCFA pour le premier (soit 35,6% du total), et 27,4 milliards pour le second (21,2%). Cette concentration interroge sur l’équité de la politique fiscale et son alignement avec les priorités économiques nationales.

Réforme du régime d’exonérations de TVA

Dans le prolongement de cet effort, le gouvernement a précisé les critères d’octroi et de suppression des exonérations et taux réduits de TVA. Ces critères, conformes aux règles de l’UEMOA, reposent sur quatre axes : la nature des biens et services concernés, le chiffre d’affaires des entreprises, le caractère distributif de l’exonération, et la compatibilité avec le plan de rationalisation adopté en mars 2019.

Toute exonération qui ne répond pas à ces conditions sera désormais annulée. Par ailleurs, les conventions fiscales devront obligatoirement faire l’objet d’une double signature ministérielle (technique et budgétaire), accompagnée d’un arrêté spécifique définissant le régime fiscal applicable.

Une trajectoire budgétaire à surveiller

En somme, les résultats du premier trimestre 2025 traduisent une dynamique budgétaire favorable en matière de recettes, mais qui s’accompagne de niveaux de dépenses encore soutenus. Si les efforts de rationalisation fiscale amorcés sont confirmés, la Côte d’Ivoire pourrait progressivement restaurer des marges de manœuvre. La capacité du gouvernement à maintenir cette discipline tout en poursuivant ses engagements sociaux sera déterminante pour la suite de l’exercice budgétaire.

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