À Mbabane, la petite capitale de l’Eswatini, un murmure grave traverse les couloirs du Parlement. Le 17 novembre, le ministre des Finances, Neal Rijkenberg, prend la parole — pas seulement sur les comptes publics, mais sur un accord international qui ne passe pas inaperçu : son pays a officiellement reçu 5,1 millions de dollars des États‑Unis dans le cadre d’un arrangement pour accueillir des “déportés” envoyés depuis les États-Unis.
Un deal
secret, mais aux enjeux très publics
Le pacte entre
Washington et Mbabane, en grande partie tenu dans l’ombre, allie argent et
prisonniers. Selon un document vu par des ONG, l’Eswatini s’est engagé à
accepter jusqu’à 160 personnes déportées en échange d’un soutien financier
américain censé “renforcer sa capacité de gestion des frontières et des
migrations”.
Depuis juillet,
l’Eswatini a déjà accueilli deux groupes : d’abord cinq hommes, puis dix autres
en octobre. Ces individus viennent de pays comme le Vietnam, Cuba, le Laos, le
Yémen, et selon certaines sources, aussi des Philippines et du Cambodge.
Le gouvernement
américain justifie la décision en évoquant des condamnations graves :
“meurtre”, “viol d’enfant”… Selon le département de la Sécurité intérieure,
certains de ces hommes sont “soigneusement sélectionnés” parmi des personnes
que leurs pays d’origine auraient refusé de reprendre.
Une
souveraineté mise à l’épreuve
L’annonce de Rijkenberg
jette une lumière crue sur la manière dont l’accord aurait été signé : le
ministre affirme n’avoir été informé qu’après coup. L’argent, précise-t-il, a
bien été versé à l’agence nationale chargée des catastrophes (National Disaster
Management Agency, NDMA). Mais — et c’est un mais de taille —, cet argent n’a
pas encore été débloqué car il n’a pas encore été “approprié” dans le budget
national.
Pour certains
observateurs, ce deal soulève une question essentielle : à quel prix l’Eswatini
met-il en jeu sa souveraineté ? Prêt à accepter des détenus étrangers en
échange d’une manne financière, même partielle, le royaume montre qu’il peut
jouer dans une diplomatie migratoire américaine… mais pas sans tension.
La
contestation monte
Des acteurs de la
société civile ne sont pas restés silencieux : des avocats et ONG ont saisi les
tribunaux eswatiniens. Ils estiment que l’accord viole la Constitution,
notamment à cause de son opacité. De leur côté, des défenseurs des droits
dénoncent la détention prolongée de certains de ces hommes sans inculpation
claire.
Selon Human Rights
Watch, qui a vu le texte de l’accord, certains déportés seraient détenus dans
des conditions “dures” à la prison de Matsapha, un centre de haute sécurité.
Un pari
risqué, mais calculé
Pourquoi l’Eswatini
a-t-il dit oui ? La réponse est probablement multiple. Financièrement, 5,1
millions de dollars représentent un levier non négligeable, surtout pour
renforcer des capacités migratoires et sécuritaires. Politiquement, accepter un
tel accord peut être vu comme un moyen de renforcer la crédibilité diplomatique
— mais aussi comme un pari: celui de peser dans un dossier international où les
gains sont clairs… mais les risques, bien réels.
Les critiques ne
cessent de souligner un danger : transformer le royaume en “point de transit”
pour des détenus tiers, sans garanties solides sur leur prise en charge à long
terme ni sur le respect de leurs droits.
L’accord entre l’Eswatini et les États‑Unis illustre un tournant inquiétant
dans la gouvernance migratoire mondiale : des États africains acceptent des
déportés en échange d’aides financières. Si ce type de deal peut paraître
pragmatique, il pose des questions fondamentales sur le plan éthique, juridique
et politique. Pour Mbabane, le défi est double : tirer parti du soutien
américain sans perdre ses valeurs, ni son image.
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