L’affaire secoue Paris, Maputo et les milieux de l’énergie internationale. Le 17 novembre, l’ONG allemande European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) a déposé une plainte auprès du Parquet national antiterroriste français, accusant TotalEnergies d’avoir été impliquée — indirectement mais matériellement — dans des actes de torture, des disparitions forcées et des crimes de guerre au Mozambique. Une accusation rare, lourde, et qui pourrait devenir un tournant dans la manière dont les multinationales sont jugées lorsqu’elles opèrent dans des zones de conflit.
Au cœur du dossier, un
épisode sombre survenu en 2021 autour du méga-projet gazier Mozambique LNG,
situé dans la province du Cabo Delgado, une région bouleversée par
l’insurrection jihadiste depuis plusieurs années. Selon l’ECCHR, des soldats
mozambicains membres d’une force conjointe — la Joint Task Force — auraient
arrêté des civils fuyant les violences, avant de les enfermer dans des
conteneurs métalliques installés près de l’entrée du site gazier.
Plusieurs de ces hommes
auraient été torturés, certains auraient disparu, d’autres auraient été tués.
L’ONG affirme disposer de documents internes indiquant que TotalEnergies
savait, dès 2020, que cette unité militaire était visée par des accusations de violences
systématiques.
Pour étayer sa plainte,
l’ECCHR met en avant les liens logistiques entre le groupe français et cette
force de sécurité. TotalEnergies, en tant qu’opérateur du projet LNG et
actionnaire à hauteur d’environ 26,5%, avait conclu un accord de coopération
avec les autorités mozambicaines permettant l’hébergement, l’équipement et
l’appui matériel de la Joint Task Force.
L’ONG soutient que ces
ressources ont contribué à rendre possibles les abus commis entre juillet et
septembre 2021. L’un des éléments les plus sensibles du dossier est l’existence
de primes versées aux soldats, dont une partie était formellement conditionnée
au respect des droits humains — un détail qui, pour l’ECCHR, prouve que le
risque était identifié en interne.
La plainte surgit à un
moment délicat pour le groupe français. Le projet Mozambique LNG avait été
suspendu en 2021 après l’attaque jihadiste de Palma, à quelques kilomètres de
là, un épisode qui avait forcé TotalEnergies à évacuer son personnel et à déclarer
la “force majeure”. Alors que la société prépare aujourd’hui une relance
progressive du projet, l’ombre des événements passés refait surface, cette fois
sur le terrain judiciaire international.
TotalEnergies, de son
côté, rappelle qu’elle a demandé dès 2024 aux autorités mozambicaines d’ouvrir
une enquête officielle sur les allégations visant les forces militaires
déployées autour de son site. La Commission nationale des droits humains du
Mozambique a elle aussi lancé une évaluation indépendante, tandis que le
procureur général mozambicain a annoncé au printemps 2025 l’ouverture d’une
enquête pénale. Le groupe assure “coopérer pleinement” avec toutes les
instances impliquées.
L’enjeu dépasse
toutefois la seule défense du groupe pétrolier. Cette affaire pose frontalement
la question de la responsabilité des entreprises lorsqu’elles opèrent dans des
environnements marqués par l’insécurité, les armées locales et des partenaires dont
les pratiques peuvent sombrer dans la violence. Si le PNAT décide d’ouvrir une
enquête en France, TotalEnergies pourrait devenir l’un des premiers grands
groupes occidentaux jugés pour complicité de crimes de guerre au titre de ses
activités à l’étranger.
Dans le Cabo Delgado,
où les populations civiles ont déjà payé un prix très lourd depuis le début du
conflit, la perspective d’une procédure judiciaire internationale apparaît
comme un espoir fragile d’établir la vérité sur les exactions commises en pleine
zone gazière. Pour l’industrie énergétique mondiale, cette plainte pourrait
devenir un précédent : celui qui rappelle qu’un chantier de plusieurs milliards
ne protège jamais totalement des responsabilités qui l’accompagnent.
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