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  • 09/12/2025

Ghana : Le ministre des Finances promet zéro tolérance pour les irrégularités financières

À Accra, le 8 décembre 2025, le gouvernement ghanéen a envoyé un message clair à ses gestionnaires publics : les irrégularités financières ne seront plus tolérées. Le ministre des Finances, Dr Cassiel Ato Forson, a adressé un message ferme aux directeurs généraux, responsables d’audit et chefs d’agences publiques : l’objectif est de réduire au strict minimum les infractions relevées dans le rapport de l’Auditeur général.

 

Cette décision intervient dans un contexte économique sensible. Le Ghana a traversé, depuis 2022, une crise majeure marquée par un endettement élevé, un défaut sur la dette extérieure, une inflation soutenue et une forte dépréciation du cedi. Ces difficultés ont profondément ébranlé la confiance des marchés et mis à rude épreuve les finances publiques.

 

Depuis 2023, le pays a engagé un programme de redressement ambitieux, soutenu par le Fonds monétaire international (FMI). Les résultats commencent à se faire sentir : fin juillet 2025, la dette publique est passée à 44,9% du PIB, contre 61,8% fin 2024. L’encours global de la dette a diminué de plus de110 milliards cedis ghanéens sur six mois, une première historique selon le ministre. Cette amélioration a également été saluée par les agences de notation internationales, tandis que les réserves de change ont commencé à se stabiliser, renforçant la crédibilité de la monnaie locale.

 

Dans ce contexte, l’appel à la discipline budgétaire et à la transparence prend toute son importance. Le gaspillage et les irrégularités, même mineurs, représentent désormais un risque concret pour la consolidation économique. « Nous ne pouvons plus continuer à perdre des ressources nationales limitées à cause d’infractions totalement évitables. Le Ghana mérite mieux », a rappelé le ministre.

 

Pour renforcer cette rigueur, le gouvernement a mis en place des tribunaux spécialisés pour sanctionner les violations des lois financières. Dr Forson a insisté : « C’est un nouveau chapitre. La responsabilité ne sera plus optionnelle ». La bonne gouvernance devient un levier stratégique, non seulement pour sécuriser les finances publiques, mais aussi pour restaurer et maintenir la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux.

 

Opportunités et risques

 

Le redressement économique du Ghana repose sur plusieurs piliers : maîtrise de la dette, discipline budgétaire, stabilité macroéconomique et confiance des marchés. Les signaux sont positifs : baisse de la dette publique, reprise économique amorcée, résorption partielle des déséquilibres monétaires. La discipline financière promise par le ministre s’inscrit parfaitement dans cette logique.

 

Mais le chemin reste fragile. Plusieurs risques pourraient compromettre le redressement :

  • Risque de relâchement dans la mise en œuvre des réformes : les progrès sont réels, mais les erreurs ou irrégularités dans les ministères ou agences pourraient fragiliser le processus.
  • Pression sociale et attentes de relance : après des années de crise, la population et les entreprises attendent des résultats tangibles. Une perception de rigidité ou d’injustice pourrait créer des tensions.
  • Dépendance aux facteurs externes : le redressement dépend aussi de la stabilité des prix des matières premières et des flux financiers internationaux. Toute secousse externe pourrait compliquer la situation.
  • Risque réputationnel : pour que le « zéro tolérance » soit crédible, il doit se traduire dans les actes. Tout scandale majeur pourrait nuire à la confiance regagnée.

 

Lors de la présentation du budget 2026, le ministre a souligné la portée de ses mesures : « La baisse de la dette est le fruit d’une discipline fiscale stricte, d’un emprunt prudent et d’un cedi renforcé ». Cette déclaration résume parfaitement la philosophie de la nouvelle approche : rigueur, transparence et gestion prudente des finances publiques.

 

Le Ghana se trouve à un carrefour crucial : les efforts pour restaurer ses finances, stabiliser sa monnaie et regagner la confiance des marchés commencent à porter leurs fruits. La discipline budgétaire et la transparence dans la gestion publique deviennent des impératifs stratégiques. Si les mesures du ministre sont appliquées avec constance et efficacité, elles permettront non seulement de sécuriser les ressources de l’État, mais aussi de consolider durablement le redressement économique.

 

La promesse de « zéro tolérance » n’est pas qu’un slogan : c’est une feuille de route pour faire de la bonne gouvernance le moteur d’une reprise solide et durable, tout en renforçant la crédibilité du Ghana sur la scène internationale.