News
  • 10/07/2025

Ghana : Un tourisme en plein essor, moteur stratégique de diversification économique

Avec 1,29 million de visiteurs internationaux et 4,8 milliards de dollars de revenus générés en 2024, le Ghana bat tous ses records en matière de tourisme. Une performance historique qui témoigne d’une trajectoire maîtrisée et d’un repositionnement stratégique réussi.

Le secteur touristique ghanéen vient d’atteindre un sommet historique. Selon la Ghana Tourism Authority (GTA), le pays a enregistré en 2024 1,29 million de visiteurs étrangers — une hausse de 12% par rapport à 2023 — pour 4,8 milliards de dollars de recettes, contre 3,5 milliards un an plus tôt. Ces chiffres, largement repris par VoyagesAfriq, MyJoyOnline ou encore Travel and Tour World, font de 2024 l’année la plus performante jamais enregistrée par le Ghana en matière de tourisme.

« Le Ghana est désormais perçu comme un modèle de renaissance touristique en Afrique », a affirmé Akwasi Agyeman, directeur général de la GTA, dans une déclaration au média VoyagesAfriq (3 juillet 2025).

D’un coup d’arrêt brutal à une relance maîtrisée

Pour apprécier la portée de cette performance, il faut revenir sur les cinq dernières années. En 2019, le Ghana lançait avec éclat son initiative du Year of Return, un appel mondial à la diaspora africaine. Plus d’un million de visiteurs avaient afflué cette année-là, générant 3,3 milliards de dollars de revenus et propulsant le pays parmi les destinations montantes du continent.

Mais la pandémie de Covid-19 a brisé cet élan. Entre 2020 et 2021, les arrivées internationales ont chuté de plus de 60%, et les revenus sont tombés à 1,9 milliard de dollars, plongeant l’écosystème touristique dans une crise sévère : fermetures d’hôtels, pertes d’emplois, incertitudes prolongées.

C’est à partir de 2022 que la dynamique s’est inversée. Le gouvernement a relancé l’activité grâce à la campagne Beyond the Return — une stratégie décennale pensée pour prolonger l’effet du Year of Return — tout en assouplissant les conditions d’entrée et en investissant dans les infrastructures. Résultat : près de 950 000 visiteurs en 2022, puis plus de 1,1 million en 2023. Le cap franchi en 2024 marque ainsi une reprise robuste, structurée et orientée vers la croissance qualitative.

Une ambition régionale assumée

Le Ghana ne vise plus uniquement à séduire la diaspora. Il entend s’imposer comme l’un des pôles touristiques majeurs de l’Afrique de l’Ouest et rivaliser avec des destinations plus établies telles que le Maroc, l’Afrique du Sud ou encore le Kenya.

Certes, les volumes restent incomparables : le Maroc a accueilli 14,5 millions de visiteurs en 2023, l’Afrique du Sud 8,5 millions, selon les données de l’OMT. Mais la croissance ghanéenne est l’une des plus dynamiques du continent. Et c’est précisément ce rythme, combiné à une diversification de l’offre touristique, qui attire l’attention.

Le pays mise sur :
son stabilité politique, régulièrement saluée dans les classements africains de gouvernance ;
un riche patrimoine historique et culturel, notamment les forts côtiers inscrits à l’UNESCO ;
des événements internationaux, comme le Afro Nation Festival ou les initiatives culturelles pan-africaines ;
le développement de l’écotourisme et du tourisme communautaire dans les régions rurales.

Un pilier économique de plus en plus stratégique

Avec 4,8 milliards de dollars de revenus, le tourisme devient l’un des principaux générateurs de devises pour le Ghana, aux côtés de l’or, du cacao et du pétrole. Selon le ministère du Tourisme, le secteur emploie plus de 700 000 personnes, directement ou indirectement, et dynamise de nombreux secteurs connexes : artisanat, agriculture vivrière, transport, services.

Mais la performance ne doit pas masquer les fragilités. La majorité des investissements touristiques reste concentrée dans la capitale Accra et dans les zones côtières du sud, au détriment du nord du pays. Le défi pour les autorités est désormais de rééquilibrer les retombées économiques tout en garantissant la durabilité environnementale des sites touristiques.

« L’objectif n’est pas seulement d’attirer plus de touristes, mais de construire un tourisme responsable, durable et inclusif », a rappelé le ministre du Tourisme, Ibrahim Mohammed Awal, en mars 2025.

Une trajectoire à consolider

Forte de ces résultats, la Ghana Tourism Authority a fixé un objectif de 2 millions de visiteurs internationaux d’ici 2027. Ce cap est ambitieux, mais réaliste si le pays parvient à :
maintenir un climat politique et sécuritaire stable ;
poursuivre l’amélioration des infrastructures (notamment aéroportuaires) ;
diversifier davantage les circuits touristiques en dehors d’Accra et Cape Coast.

Enfin, l’adoption progressive d’outils numériques (e-visas, plateformes de réservation locales, campagnes digitales ciblées) montre que le Ghana entend s’inscrire dans une compétition touristique globale.

Le record enregistré en 2024 ne relève pas du hasard : il résulte d’un alignement stratégique, d’investissements ciblés et d’une volonté politique affirmée. En cinq ans, le Ghana est passé du choc pandémique à un essor spectaculaire de son tourisme. Si cette trajectoire se confirme, le pays pourrait bientôt faire du tourisme non plus un secteur complémentaire, mais un levier central de sa transformation économique à long terme.
Partager sur