La Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), qui regroupe six pays (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad), fait face à une accumulation de déséquilibres budgétaires, monétaires et extérieurs. Dans un rapport publié le 13 juin 2025 (FMI – Country Report No. 25/171), le Fonds monétaire international tire la sonnette d’alarme : sans un redressement immédiat et coordonné, la stabilité macroéconomique régionale pourrait vaciller.
Croissance modeste, déséquilibres profonds
La CEMAC a enregistré une croissance économique réelle de 3,3% en 2024, tirée par la reprise du secteur tertiaire au Cameroun, la hausse des dépenses publiques au Gabon et un léger rebond de la production pétrolière en Guinée équatoriale. Mais cette reprise reste fragile et inégalement répartie.
Derrière ces performances, les déséquilibres s’accumulent. Le déficit courant s’est aggravé à 0,9% du PIB, tandis que les réserves extérieures stagnent à 4,3 mois d’importations, sous le seuil jugé adéquat (5 mois). Le déficit budgétaire global est passé d’un excédent de 0,7% du PIB en 2023 à un déficit de 1,5% en 2024. Le déficit primaire hors pétrole, indicateur-clé de soutenabilité, a lui aussi empiré, atteignant 7,6% du PIB non pétrolier.
« Ces glissements budgétaires sont préoccupants car ils sapent la résilience des États face aux chocs », souligne le FMI.
Coordination régionale à l’épreuve des faits
Lors de la conférence extraordinaire des chefs d’État de la CEMAC en décembre 2024, un engagement politique fort a été réaffirmé : restaurer la discipline budgétaire, limiter l’endettement et renforcer les institutions régionales comme la BEAC (Banque des États de l’Afrique Centrale) et la COBAC (Commission bancaire).
Mais selon le FMI, l’écart entre les annonces et les actes reste préoccupant. Des pays comme le Gabon, le Congo ou la Centrafrique continuent d’accumuler des déficits hors de contrôle, parfois en dehors des budgets votés. La mise en œuvre des plans de convergence triennaux reste parcellaire.
Marché de la dette : tensions et défiance
Le marché régional de la dette, longtemps source de financement interne, montre des signes d’essoufflement. Le taux de souscription aux émissions de titres publics est tombé à 43,5% fin 2024, contre plus de 80 % un an auparavant. Certaines adjudications ont été annulées faute d’investisseurs.
Pour obtenir 570 millions de dollars sur les marchés internationaux, le Gabon a dû offrir un taux de 12,7% en février 2025, illustrant la perception accrue du risque souverain. Dans ce contexte, la soutenabilité de la dette régionale inquiète.
Le FMI relève également une dépendance excessive des banques aux titres publics, qui représentent plus de 30% de leurs actifs en moyenne, avec des pics dépassant les 50% pour certaines institutions. Cette situation accroît le risque systémique, avec un effet de contagion entre les finances publiques et la stabilité bancaire.
Réserves et soutenabilité : un horizon qui s’assombrit
La couverture en réserves reste insuffisante. Sans mesures correctrices, elle pourrait descendre à 3,1 mois d’importations en 2030, selon les projections du FMI.
Dans un scénario pessimiste, où les prix du pétrole chuteraient à 55 dollars le baril, les réserves tomberaien à 2,4 mois d’importations. Or, près de 50% des exportations de la région dépendent encore des hydrocarbures.
Des réformes nécessaires mais encore lentes
Le FMI formule plusieurs recommandations pour éviter une crise financière et budgétaire :
• Resserrement budgétaire ciblé, avec une meilleure mobilisation des recettes non pétrolières et une rationalisation des dépenses.
• Renforcement de la réglementation bancaire, notamment pour limiter l’exposition au risque souverain et résoudre la fragilité de certaines banques.
• Maintien d’une politique monétaire prudente, avec un taux directeur stable à 4,5%, pour éviter les tensions inflationnistes et préserver les réserves.
• Accélération des réformes fiscales et institutionnelles : mise en place du compte unique du Trésor, digitalisation de la fiscalité, réformes de la TVA et des codes douaniers.
Un avenir suspendu à la volonté politique
Même dans le scénario dit « résilient », appuyé sur des réformes soutenues et un encadrement du FMI, la couverture en réserves ne dépasserait pas 4 mois d’importations à moyen terme.
Le FMI insiste sur l’urgence :
« Sans une volonté politique ferme et des actions concertées, la région pourrait faire face à une double crise, budgétaire et bancaire, aux effets prolongés sur la croissance et la stabilité sociale. »
Une fenêtre de tir étroite mais encore ouverte
Avec plusieurs échéances électorales à venir (Cameroun, Centrafrique, Congo), les États membres auront besoin de stabilité et de crédibilité pour mobiliser ressources et confiance. La période post-électorale pourrait représenter une opportunité unique de relancer les réformes.
Mais pour cela, il faudra dépasser la rhétorique et traduire les engagements en actions concrètes. Le diagnostic est posé, les outils sont identifiés. Ce qui manque encore, c’est la détermination.
Zinia Farnandiz Sep 28, 2024
Absolutely loved this post! Your tips on how to style a blazer are spot on. Keep up the great work, can’t wait for your next post!
Loren Watson Sep 18, 2024
Cover broad of topic in web development industry. Explained a lot of basic programming knowledge with easy to understand explanation.
Walter White Sep 29, 2024
Employees who have the flexibility to work remotely often report higher job satisfaction. This can lead to increased employee retention workforce.