Infrastructures : La Mauritanie bénéficie d’un prêt de 275 millions USD pour relancer le corridor ferroviaire stratégique de la SNIM

La Mauritanie enclenche une modernisation majeure de son principal axe ferroviaire. La Banque africaine de développement (BAD) et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont signé, en marge de l’Africa Investment Forum à Rabat, un financement conjoint de 275 millions de dollars destiné à réhabiliter et étendre la ligne reliant Zouerat, cœur minier du pays, au port de Nouadhibou. Une infrastructure vitale pour l’économie nationale et sa place dans les chaînes de valeur mondiales.

La BAD apporte 150 millions de dollars, tandis que BEI Monde engage 125 millions de dollars, garantis par l’Union européenne. Les deux prêts, accordés directement à la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), confirment l’orientation assumée vers des financements privés non souverains pour soutenir l’investissement productif en Afrique. L’opération s’inscrit dans la stratégie européenne Global Gateway, centrée sur le développement d’infrastructures durables et stratégiques.

Le projet prévoit la réhabilitation complète de la ligne existante et la construction de 42 kilomètres de voies supplémentaires pour relier les futurs sites miniers d’El Aouj et d’Atomai. La SNIM pourra également acquérir de nouvelles locomotives, des wagons modernisés et des équipements de maintenance. L’objectif : augmenter la capacité de transport, réduire la consommation de carburant et améliorer la fiabilité d’un corridor qui constitue depuis des décennies l’épine dorsale des exportations de minerai de fer.

Pour la SNIM, cette modernisation constitue un levier central de sa stratégie industrielle. « L’initiative visant à améliorer notre chaîne logistique constitue un pilier essentiel de notre programme stratégique », rappelle son président-directeur général, Mohamed Vall Mohamed Telmidy. Il souligne que cette opération contribue « directement à l’atteinte de nos objectifs de production » et exprime sa « profonde gratitude » envers les partenaires financiers.

À la BAD, le projet est considéré comme un signal fort du renforcement des investissements privés dans les secteurs industriels clés. « Ce financement marque une étape importante pour la Mauritanie. La modernisation de cette voie ferrée ouvrira de nouvelles perspectives pour l’industrie », explique Sidi Ould Tah, président du Groupe. Selon lui, l’amélioration du corridor soutiendra la compétitivité, le commerce régional et la transition vers une croissance plus durable.

Même tonalité du côté de BEI Monde. « Ce projet renforcera le corridor de transport de la SNIM, stimulera les exportations et soutiendra le développement économique du pays », affirme Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI. Il y voit une illustration concrète de la stratégie Global Gateway, notamment après le sommet UA-UE de Luanda.

Le projet porte aussi un enjeu climatique. Les nouvelles infrastructures doivent réduire les émissions, améliorer l’efficacité énergétique et renforcer la résilience du réseau. C’est ce que souligne Solomon Quaynor, vice-président de la BAD en charge du secteur privé, pour qui l’opération « pose les bases d’une croissance plus verte et plus inclusive dans tout le pays ».

La Commission européenne salue également une initiative structurante. Le commissaire Jozef Síkela estime que l’investissement ouvre « de nouvelles perspectives pour la Mauritanie et pour l’Europe », tout en renforçant un partenariat qualifié de stratégique. En connectant les gisements miniers aux marchés mondiaux, il voit dans ce projet « la portée de Global Gateway : croissance locale, nouveaux emplois et développement durable ».

Au-delà des enjeux miniers, la modernisation du corridor devrait améliorer la connectivité régionale, favoriser l’emploi et renforcer la place de la Mauritanie dans la transformation industrielle du Sahel. Pour un pays dont l’économie repose largement sur l’exploitation et l’exportation du fer, ce chantier représente un investissement structurant pour les décennies à venir.