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  • 28/11/2025

Ghana — Burkina Faso : Le free roaming devient réalité (et pourquoi ça bouge en zone CEDEAO)

Le Ghana et le Burkina Faso ont signé le 21 novembre 2025 un protocole d’accord (MoU) qui instaure un cadre d’itinérance gratuite : les abonnés des deux pays, en déplacement d’un État à l’autre, pourront recevoir des appels sans frais et être facturés aux tarifs domestiques pour leurs communications — voix, SMS et accès data — une fois les ajustements techniques opérateurs effectués. L’accord comprend aussi une coordination des fréquences radio pour éviter les interférences dans les zones frontalières.

 

Où on en est — la carte rapide des avancées en Afrique de l’Ouest

 

Le mouvement « free roaming » en ECOWAS n’est pas une expérience isolée : plusieurs accords bilatéraux ont déjà été signés et/ou activés ces 18 derniers mois. Points clés :

 

  • Ghana — Côte d’Ivoire : accord entré en vigueur en 2024 (Ghanéens pouvant accéder aux services ivoiriens à tarifs locaux ; réception d’appels gratuite).
  • Ghana — Bénin / Togo : lancement officiel de l’initiative bilatérale Ghana–Togo et Ghana–Bénin en 2024 ; modalités fréquentes : 30 jours consécutifs au tarif local, réception gratuite des appels/SMS et accès data aux mêmes conditions que les résidents.
  • Ghana — Gambie : protocole signé en novembre 2024, mise en œuvre prévue pour 2025 (échanges techniques en cours).
  • Liberia — Sierra Leone : activation effective de l’initiative ECOWAS free roaming (déploiement annoncé en 2025 pour certaines liaisons).
  • Togo — Burkina Faso : accords visant à supprimer certaines charges d’itinérance (ex. réception gratuite) sont intervenus au cours de 2025.

 

Ces avancées montrent une logique progressive : accords bilatéraux, tests techniques, puis extensions en réseau régional (ECOWAS) plutôt qu’un basculement unique et simultané.

 

Ce que ça change concrètement (pour les acteurs économiques)

 

  • Réduction des frictions : commerçants transfrontaliers, transporteurs, start-ups et diasporas verront leurs coûts de communication diminuer — immédiat pour la coordination commerciale et logistique.
  • Effet réseau : plus d’États signent, plus l’utilité marginale augmente — l’effet « cluster » rend l’initiative attractive pour les consommateurs et acceptable techniquement pour les opérateurs.
  • Contraintes pour les opérateurs : nécessité d’adapter la facturation, la gestion anti-fraude (accidental roaming), et la négociation des compensations inter-opérateurs. Les régulateurs prévoient des mécanismes de protection du revenu et de lutte contre les usages abusifs.

 

Risques et éléments à surveiller

 

1.   Mise en œuvre technique : synchronisation des réseaux, tests en frontière, et mise à jour des systèmes de facturation peuvent retarder l’effet pratique. Certaines sources évoquent une mise en service opérationnelle échelonnée (des dates 2025–2026 sont mentionnées selon les accords).

2.   Modèles commerciaux : tarifs « domestiques » ne signifient pas toujours zéro coût pour l’utilisateur — il peut y avoir des plafonds ou des conditions (durée, volume data). Vérifier les conditions précises publiées par les opérateurs.

3.   Protection des revenus des opérateurs : mécanismes de compensation inter-opérateurs sont nécessaires pour que l’initiative soit viable financièrement.

 

Angle Ghana — Burkina Faso : pourquoi ce cas est central

 

Le Ghana tient le rôle d’accélérateur : ses accords successifs (Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Gambie en projet) font du pays une plaque tournante pour étendre la logique ECOWAS. L’entrée du Burkina Faso dans ce réseau bilateralise et renforce la continuité transfrontalière entre la sous-région sahélienne et le golfe de Guinée — utile pour le commerce, la logistique et la sécurité des échanges.

 

Pragmatique et bref

 

Le MoU Ghana–Burkina Faso est une pièce supplémentaire d’un puzzle plus large : on passe d’expérimentations bilatérales à une dynamique régionale visible. L’enjeu n’est plus seulement technique, il est politique et économique : réduire les coûts de communication revient à réduire les frictions du marché régional. Reste à suivre l’adhésion complète des opérateurs, les détails tarifaires définitifs et la rapidité des déploiements opérationnels.