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  • 28/11/2025

Relance économique en Ouganda : Comment la jeunesse peut booster la croissance

Alors que l’Ouganda se remet progressivement du choc provoqué par la pandémie, le gouvernement tente de convertir son immense réservoir de jeunesse en véritable moteur de croissance. Pour Nuwagaba Augustus, gouverneur de la Banque d’Ouganda, la reprise reste fragile et dépend largement de la capacité du pays à intégrer les jeunes dans l’économie réelle.

 

Une reprise encore inégale malgré le rebond post-pandémique

 

Le pays a « retrouvé une bonne partie de son élan », reconnaît le gouverneur. Mais il admet que « l’impact sur l'économie et l'emploi n'a pas été complètement rétabli », en particulier dans le secteur informel, qui concentre l’essentiel de l’activité économique ougandaise. Beaucoup de microentreprises peinent encore à reconstituer leurs marges et leur capacité d’investissement.

 

Cette fragilité est d’autant plus structurante que l’Ouganda est l’un des pays les plus jeunes du monde : les moins de 30 ans représentent les trois quarts de la population, selon le recensement 2024 de l’UBOS. Une dynamique démographique qui constitue un atout… à condition de réussir à en absorber la force de travail.

 

Jeunesse motivée, mais bloquée par un manque d’opportunités

 

Les jeunes Ougandais restent enthousiastes à l’idée de contribuer à la croissance nationale. Pourtant, l’accès au capital, à la formation et aux marchés demeure limité. Cette réalité explique la montée rapide de la gig economy, devenue un filet de sécurité pour des milliers de jeunes à la recherche de revenus flexibles. Le gouverneur y voit une opportunité, mais aussi un risque : il insiste sur la nécessité de garantir « que les “gig workers” soient rémunérés de manière équitable ».

 

Cette précarisation typique des économies numériques émergentes commence en effet à poser des défis : revenus instables, absence de couverture sociale, dépendance aux plateformes. Le sujet s’impose désormais dans le débat public ougandais.

 

L’entrepreneuriat comme moteur de résilience

 

Pour la Banque d’Ouganda, la clé réside dans l’entrepreneuriat, décrit comme « l’épine dorsale de la création d’emplois » et un puissant levier d’innovation. En diversifiant l’activité économique, les TPE permettent de réduire la dépendance du pays à un petit nombre de secteurs traditionnels.

Mais transformer une idée en entreprise reste un parcours semé d’obstacles pour beaucoup de jeunes, en particulier dans les zones rurales où l’accès au crédit demeure faible.

 

Un soutien public réel, mais encore insuffisant face aux besoins

 

Le gouverneur rappelle les efforts publics déjà engagés. Le Fonds de relance des petites entreprises, lancé en 2022, visait à soutenir 50 000 TPE en améliorant leur accès au financement, avec un objectif précis : au moins 40% de bénéficiaires femmes et 30% jeunes. Un instrument utile dans un pays où la majorité des entreprises sont de très petite taille.

 

À ce dispositif s’ajoutent les programmes GROW et INVITE, qui participants au renforcement des capacités entrepreneuriales. Selon Augustus, l’ensemble de ces initiatives « a permis de soutenir les entrepreneurs et de créer des milliers d’emplois ».
Reste une question : ces programmes suffiront-ils à absorber l’arrivée massive de jeunes sur le marché du travail chaque année ?

 

Construire un écosystème plus robuste

 

Le gouverneur appelle à une mobilisation conjointe de l’État et du secteur privé : « Ensemble, nous pouvons créer un écosystème florissant pour l'emploi et l'esprit d'entreprise ». Pour lui, l’enjeu est de bâtir un système plus dynamique, capable d’offrir des perspectives économiques durables à une population en forte croissance.

 

À moyen terme, le défi est clair : convertir l’avantage démographique en avantage économique. Cela suppose des actions coordonnées, une amélioration de l’environnement des affaires et une capacité accrue à intégrer les jeunes dans les chaînes de valeur. Un chantier stratégique, déterminant pour la transformation de l’économie ougandaise.