Le gouvernement tchadien a annoncé, via un décret signé le 9 juillet, la dissolution de la Société Nationale d’Électricité (SNE) et son remplacement immédiat par une nouvelle entité publique, TchadElec. Officiellement, cette décision vise à moderniser un secteur en crise. Mais à quoi faut-il réellement s’attendre ? Ce changement s’inscrit-il dans une dynamique structurelle ou relève-t-il d’un simple changement de façade ?
Une société d’État minée par l’inefficacité
Créée pour produire et distribuer l’électricité
sur l’ensemble du territoire tchadien, la SNE était une entreprise publique
entièrement contrôlée par l’État. Depuis plusieurs années, elle faisait l’objet
de critiques croissantes en raison de son incapacité à fournir un service
fiable, notamment dans la capitale. Les coupures de courant, fréquentes à
N’Djamena, affectaient aussi bien les ménages que les activités économiques.
Les chiffres sont éloquents. En 2022, la Banque
mondiale estimait que seulement 12% de la population tchadienne avait accès à
l’électricité, l’un des taux les plus faibles du continent. Pire encore, 98% de
cette électricité provenait de générateurs diesel, une source d’énergie
onéreuse, polluante, et peu viable sur le long terme. L'accumulation de dettes,
la vétusté des infrastructures et une gouvernance peu efficace ont fini par
condamner la SNE.
TchadElec : quels véritables changements ?
La création de TchadElec, elle aussi détenue à
100 % par l’État, s’inscrit dans la volonté des autorités de tourner la page.
Officiellement, cette nouvelle structure doit permettre d'assainir la gestion,
de relancer les investissements, et de rétablir la confiance du public. Pour
autant, aucune information précise n’a encore été rendue publique concernant
son capital de départ, sa gouvernance ou ses priorités opérationnelles.
Cette absence de clarté alimente les doutes. Sur
les réseaux sociaux, de nombreux citoyens expriment leur scepticisme, estimant
qu’un simple changement de nom ne suffira pas à transformer la réalité.
Certains observateurs parlent davantage de "restructuration
administrative" que de réforme en profondeur.
Un secteur énergétique sous tension
L'enjeu est de taille pour l'économie tchadienne.
Le déficit énergétique freine les activités commerciales, industrielles et
artisanales. Dans les centres urbains comme N’Djamena ou Moundou, les petites
entreprises dépendent de groupes électrogènes, dont le coût alourdit
considérablement leurs charges. Cette situation pénalise l'emploi, la
compétitivité et la qualité de vie.
Dans ce contexte, le gouvernement tente de
réorienter sa stratégie vers des solutions plus durables. Plusieurs projets
d'énergie renouvelable sont en cours de développement. L’un des plus avancés
est celui de la centrale solaire hybride de Qair, à N’Djamena, prévu pour être
opérationnel en 2025. Ce projet est soutenu notamment par la Banque islamique
de développement, et pourrait être transféré sous la responsabilité de
TchadElec, afin de garantir la continuité institutionnelle.
Une transition à haut risque
Le succès de TchadElec dépendra de sa capacité à
corriger les erreurs du passé. Cela suppose une meilleure gestion financière,
la réduction de la dette du secteur, et surtout, la mise en place de mécanismes
de transparence. La question de la gouvernance reste centrale : qui dirigera
TchadElec ? Avec quelles marges de manœuvre ? L’absence de détails à ce sujet
alimente les craintes de voir se reproduire les dérives de la SNE.
Par ailleurs, l'intégration des énergies
renouvelables, bien que souhaitable, nécessitera des investissements lourds,
des compétences techniques, et des partenariats internationaux solides. Le
Tchad pourrait s’inspirer d’expériences réussies dans la sous-région, à l’image
du Sénégal, qui a amélioré son taux d’électrification grâce à une stratégie
combinant partenariats public-privé et projets solaires structurants.
Un chantier colossal, une attente immense
En remplaçant la SNE, le gouvernement affiche sa
volonté de réforme, mais la création de TchadElec, à elle seule, ne constitue
pas une solution miracle. Pour être crédible, cette transition devra
s’accompagner d’actes concrets : investissements visibles, communication claire
sur la gouvernance, résultats mesurables en termes d'accès et de qualité du
service.
L’énergie étant un levier fondamental du
développement, la réussite de TchadElec conditionnera en partie la
transformation économique du pays. À l’inverse, son échec risquerait de
renforcer la défiance populaire à l’égard de l’action publique. Dans un pays où
des millions de citoyens vivent encore sans électricité, l’enjeu est à la fois
structurel, social et politique.
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