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  • 23/10/2025

Global Shop rachète l'ivoirien ANKA : Le « Made in Africa » passe-t-il à l’échelle mondiale ?

La jeune pousse ivoirienne ANKA — née sous le nom d’Afrikrea et devenue au fil des années une plateforme tout-en-un (marketplace, paiements, logistique) pour les créateurs africains — a été acquise par le groupe américain Global Shop Group, ont rapporté plusieurs médias le 22 octobre 2025. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public.

 

Fondée en 2016, ANKA a érigé sa proposition sur trois piliers : permettre aux artisans et marques africaines de créer leur vitrine, recevoir des paiements (ANKA Pay) et expédier à l’international (ANKA Shipping). Dans un marché où la logistique et l’accès aux paiements restent des freins majeurs, la plateforme s’était imposée comme un facilitateur pour des milliers de vendeurs.

 

Sur le plan économique, la start-up a attiré des investisseurs internationaux au fil des années et a levé des financements notables (plusieurs millions de dollars) pour soutenir sa montée en charge. Des observateurs indiquent que la plateforme a traité des volumes significatifs qui ont contribué à son attractivité auprès d’acheteurs étrangers.

 

Pourquoi Global Shop mise sur ANKA ?

D’après les communiqués et analyses parus, l’acquéreur veut s’appuyer sur l’infrastructure technique d’ANKA (outils de paiement, intégrations logistiques, parcours vendeur) pour accélérer la mise à l’échelle de marques africaines vers les marchés mondiaux, notamment la diaspora. L’opération est présentée comme une opportunité d’exposer davantage les créateurs africains à des clientèles internationales.

 

Les gagnants possibles :

 

  • Les créateurs qui bénéficieront potentiellement d’une distribution plus large et d’outils améliorés.
  • Les investisseurs locaux et internationaux qui cherchent des exits et la maturation d’un marché e-commerce viable en Afrique.

 

Les risques et interrogations :

 

  • Souveraineté et contrôle : quel degré d’autonomie gardera l’équipe d’ANKA ? Plusieurs articles précisent que la marque et l’équipe resteront opérationnelles, mais le périmètre exact d’intégration (données, roadmap produit, décisions stratégiques) doit être précisé.
  • Répartition de la valeur : il faudra observer si les revenus additionnels profitent prioritairement aux créateurs et aux opérateurs locaux ou s’ils sont captés par l’acquéreur.

 

Une trajectoire déjà soutenue par les bailleurs

ANKA n’est pas une inconnue pour les institutions de développement : l’IFC (Groupe Banque mondiale) avait par exemple souligné son rôle dans le soutien aux artisans et entreprises dirigées par des femmes lors d’un investissement antérieur, qualifiant la plateforme d’outil pour soutenir « the growth of thousands of small and women-led artisanal businesses ». Ce passé d’investissements publics-privés renforce l’enjeu social de la cession.

 

Opportunité ou alerte ?

L’acquisition d’ANKA par Global Shop est un signal fort : les plateformes africaines peuvent atteindre une taille et une sophistication techniques qui attirent des acheteurs internationaux. C’est une bonne nouvelle pour la visibilité des créateurs africains. Mais la partie n’est pas gagnée d’avance : pour que l’opération serve réellement le développement local, il faudra des garanties claires sur la gouvernance, l’accès aux outils pour les vendeurs et la répartition équitable des gains. Les prochains mois — et les communiqués officiels détaillant l’intégration — diront si l’affaire devient un modèle d’internationalisation bénéfique ou un simple rachat d’actifs stratégiques.