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  • 27/08/2025

Kenya Airways : 500 millions pour décoller à nouveau

Kenya Airways, l'une des principales compagnies aériennes d'Afrique, fait face à des turbulences financières. Elle a annoncé vouloir lever au moins 500 millions de dollars d'ici le premier trimestre 2026. Cet argent servira à agrandir et moderniser sa flotte.

 

La compagnie a enregistré une perte avant impôts de 12,17 milliards de shillings kényans, soit environ 94,34 millions de dollars, pour le premier semestre 2025. C'est un revirement brutal. L'année précédente, elle affichait un profit de 634 millions de shillings pour la même période.

 

Pourquoi cette chute ? Les revenus ont baissé de 19%, passant de 91,5 milliards à 74,5 milliards de shillings. Le nombre de passagers a reculé de 14%. La cause principale : l'immobilisation de trois Boeing 787-8 Dreamliners pour maintenance.

 

Ces avions représentent une part clé de la flotte long-courrier. Un est revenu en service en juillet 2025. Les deux autres devraient suivre d'ici la fin de l'année. Allan Kilavuka, le PDG, explique : « L'un des Dreamliners a été remis en service en juillet, et nous nous efforçons de faire en sorte que la totalité de la flotte soit opérationnelle l'année prochaine ».

 

Cette situation n'est pas isolée. Kenya Airways lutte contre des contraintes globales, comme les pénuries de pièces détachées et les chaînes d'approvisionnement perturbées. Les coûts de possession de la flotte ont grimpé de 29%. Les frais généraux ont augmenté de 64%, en partie à cause de la stabilité monétaire qui a réduit les gains de change.

 

Pourtant, l'année 2024 avait été positive. La compagnie avait réalisé un profit avant impôts de 5,53 milliards de shillings, contre une perte de 22,86 milliards en 2023. Ce rebond s'expliquait par des gains de change de 10,55 milliards, grâce à un shilling kényan renforcé de plus de 20% face au dollar.

 

L'histoire de Kenya Airways est marquée par des défis récurrents. En 2018, elle a frôlé l'insolvabilité avec des dettes massives. Le gouvernement kényan a injecté des fonds, dont 150 millions de dollars remboursés en janvier 2025. Aujourd'hui, l'équité reste négative à -129,57 milliards de shillings.

 

Le plan de recapitalisation, baptisé "Project Kifaru 2.0", vise à stabiliser les finances. Kilavuka précise : « Nous avons dit que le minimum que nous visons est d'environ un demi-milliard de dollars, ce qui nous semble être un minimum. Cela permettra de répondre aux besoins d'expansion de la flotte que nous recherchons ».

 

Cette levée de fonds est cruciale dans un marché africain compétitif. Ethiopian Airlines domine, avec une capacité 423% supérieure à celle de Kenya Airways en 2024. Ethiopian vise une flotte de 270 avions d'ici 2035, contre les ambitions plus modestes de son rival kényan.

 

Le secteur aérien africain affronte des vents contraires : risques géopolitiques, coûts réglementaires et demande résiliente malgré tout. Pour Kenya Airways, restaurer la flotte et diversifier les revenus sont prioritaires. Kilavuka insiste : « Nous continuons à nous concentrer sur le rétablissement de la disponibilité des avions, la maîtrise des coûts et la poursuite des investissements stratégiques afin de renforcer notre assise financière et de soutenir la croissance à long terme ».

 

Si ce plan réussit, Kenya Airways pourrait regagner de l'altitude. Sinon, les pertes persistantes menacent sa survie. Les investisseurs et le gouvernement kényan, actionnaire majoritaire, surveillent de près. Cette saga illustre les défis d'une industrie vitale pour la connectivité africaine.