Muhammadu Buhari est mort : la fin d’une ère politique et économique au Nigeria
Le Nigéria tourne une page de son histoire. Le dimanche 13 juillet 2025, le président Bola Ahmed Tinubu a annoncé le décès de son prédécesseur, Muhammadu Buhari, à Londres, à 16h30, des suites d’une longue maladie. Dans un communiqué signé par Bayo Onanuga, conseiller spécial du chef de l’État, la présidence a exprimé sa « profonde tristesse » et transmis ses condoléances à la veuve du défunt, Aisha Buhari.
Pour honorer la mémoire de l’ancien président, Bola Tinubu a ordonné la mise en berne des drapeaux sur l’ensemble du territoire. Le vice-président Kashim Shettima a été chargé de se rendre au Royaume-Uni afin de rapatrier la dépouille. L'annonce officielle, largement relayée sur les réseaux sociaux, a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique nigériane et au-delà.
Un acteur central de l’histoire politique nigériane
Né le 17 décembre 1942 à Daura, dans l’État de Katsina, Muhammadu Buhari a marqué durablement la vie publique nigériane. Officier supérieur dans l’armée, il prend le pouvoir par un coup d’État militaire le 31 décembre 1983, dans un contexte de crise économique, d’endettement extérieur croissant et de corruption généralisée sous le régime civil de Shehu Shagari.
Son gouvernement militaire (1984–1985) impose une discipline budgétaire stricte et une politique d’austérité. Il engage une lutte ouverte contre les détournements de fonds publics. Mais cette gouvernance autoritaire, caractérisée par des atteintes aux droits civiques et à la liberté de la presse, suscite de nombreuses critiques. En août 1985, Buhari est lui-même renversé par un autre militaire, Ibrahim Babangida.
Le retour au pouvoir par les urnes
Trente ans plus tard, Buhari revient sur le devant de la scène politique en tant que candidat du All Progressives Congress (APC). En mars 2015, il remporte l’élection présidentielle face à Goodluck Jonathan. Il devient ainsi le premier opposant à battre un président en exercice dans l’histoire du Nigéria démocratique.
Porté par un discours centré sur l’intégrité, la lutte contre la corruption et la sécurité nationale, Buhari accède au pouvoir avec une forte légitimité populaire. Mais son premier mandat est rapidement confronté à de multiples chocs : chute des prix du pétrole, entrée du pays en récession en 2016, recrudescence des attaques de Boko Haram, et tensions dans le Delta du Niger.
Réélu en 2019 avec un peu plus de 56% des voix, il achève son second mandat en 2023 sans se représenter, conformément à la Constitution.
Un bilan économique contrasté
L'économie a été l’un des principaux champs d’action — et de controverses — sous les présidences Buhari. Son gouvernement a tenté de soutenir l’agriculture à travers des subventions et des programmes d’investissement dans les infrastructures, tout en élargissant les transferts sociaux. En parallèle, il a maintenu une politique monétaire rigide et des contrôles de change prolongés.
Sous sa gouvernance, la Banque centrale du Nigéria a imposé des restrictions sur l’accès aux devises étrangères, ce qui a découragé certains investisseurs. Le taux de croissance, qui dépassait 6% avant 2015, tombe à -1,6% en 2016 avant de rebondir faiblement en 2017 (+0,8%) et 2018 (+1,9%), selon les données de la Banque mondiale.
En octobre 2021, le Nigéria devient le premier pays africain à lancer une monnaie numérique d’État, le eNaira. Bien que saluée comme une innovation, son adoption par la population reste très limitée.
Dans son rapport Nigeria Development Update de 2022, la Banque mondiale estime que les politiques publiques en vigueur ont freiné la croissance inclusive et contribué à élargir les inégalités régionales. Le taux de chômage atteint 33% cette même année, et l’inflation grimpe à 21,3%.
Une figure clivante
Pour ses partisans, Muhammadu Buhari incarne la rigueur, l’intégrité morale et la lutte contre l’impunité. Il aura tenté, avec constance, de restaurer la discipline dans la gestion de l’État et de réduire l’influence des réseaux corrompus. En revanche, ses détracteurs lui reprochent un exercice du pouvoir rigide, un manque d’écoute face aux revendications sociales, ainsi qu’une gouvernance peu transparente.
Son état de santé a longtemps suscité interrogations et spéculations. Entre 2017 et 2018, il passe plus de 150 jours à Londres pour des raisons médicales, sans que le diagnostic précis ne soit jamais communiqué. Le fait qu’il meure dans un hôpital britannique en 2025, après un nouveau séjour prolongé, renforce les critiques sur la dépendance des élites nigérianes aux soins à l’étranger, au détriment du système national de santé.
Un legs politique et institutionnel lourd
Le décès de Muhammadu Buhari survient dans un moment charnière pour le Nigéria. Le pays fait face à une inflation persistante, une dette publique en hausse, une insécurité endémique et une population de plus en plus jeune, avide d’opportunités économiques. L’actuel président Bola Tinubu, élu en 2023, doit composer avec un héritage politique complexe.
Buhari appartenait à cette génération d’hommes de pouvoir issus de l’armée, qui ont alterné gouvernance autoritaire et retour aux principes démocratiques. Sa disparition symbolise ainsi la fin d’une ère où les militaires reconvertis en hommes d’État tenaient encore une place dominante dans la vie institutionnelle nigériane.
Il laisse derrière lui un pays en quête de réformes profondes, d’une gouvernance plus transparente, et d’une économie capable de générer une croissance durable et inclusive.
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