Nigéria : La NNPC bat un record de profit mais doit relever de nouveaux défis

NNPC Limited a franchi un cap historique. Pour l’exercice 2024, le géant pétrolier national a annoncé un bénéfice après impôt de 5,4 trillions de nairas (environ 6,9 milliards de dollars), soutenu par un chiffre d’affaires de 45,1 trillions de nairas (environ 57,8 milliards de dollars). L’annonce, faite par le Group Chief Executive Officer, Engr. Bashir Bayo Ojulari, s’accompagnait de la présentation de la feuille de route stratégique du groupe jusqu’en 2030.

Des performances spectaculaires, mais largement explicables

Le bénéfice net progresse de 64% et le chiffre d’affaires de 88% par rapport à 2023. Selon la direction, cette réussite repose sur une discipline des coûts accrue, une optimisation des opérations et des gains de change favorables issus de la politique monétaire. Des facteurs confirmés par la presse économique nigériane, qui souligne le rôle clé de la gestion rigoureuse et des réformes internes.

Une stratégie d'expansion de grande ampleur

NNPC ambitionne de mobiliser 60 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030. Le groupe vise une production de 2 millions de barils/jour en 2027 et 3 millions d’ici 2030, tout en accélérant sur le gaz avec une cible avoisinant 12 bcf/j d’ici 2030.

Ces objectifs traduisent la volonté du groupe de devenir un acteur énergétique compétitif à l’échelle mondiale, capable d’influencer le marché régional et d’attirer de nouveaux partenaires financiers.

Raffineries : un virage assumé vers les partenariats privés

Sur le dossier sensible des raffineries, la direction avance prudemment : NNPC ne souhaite plus porter seule les investissements. Le groupe privilégie désormais des collaborations avec des partenaires privés, avec une décision structurante attendue mi-2026.

Cette orientation démontre une volonté d’externaliser l’expertise opérationnelle tout en conservant un rôle stratégique central.

Les défis derrière les chiffres : les fragilités persistent

Malgré les résultats, des vents contraires demeurent. Pour atteindre les objectifs de production, plusieurs défis devront être résolus :

• le vol de pétrole et le vandalisme de pipelines, fléaux historiques du secteur ;
• la sécurisation de l’investissement étranger dans un contexte de volatilité monétaire ;
• la stabilité macroéconomique, dépendante du cours du brut et du naira.

En 2024, la production réelle est restée inférieure aux quotas souhaités par le Nigéria. Les ambitions de NNPC nécessitent donc une exécution sans faille.

Un impact macroéconomique potentiellement important

Un NNPC performant ouvre des perspectives :

• hausse potentielle des recettes publiques,
• meilleure capacité d’investissement dans les infrastructures énergétiques,
• création d’emplois dans les infrastructures gazières et pétrolières.

Mais les gains dépendent d’une bonne gouvernance, de la transparence dans l’allocation des dividendes et de la priorisation des investissements. Les parlementaires et la société civile seront attentifs à la manière dont les profits seront utilisés.

Bashir Bayo Ojulari a résumé la situation en déclarant :
« Ces résultats soulignent l’élan positif de notre transformation en cours et l’engagement sans faille de nos équipes. »

L’année 2024 marque un tournant pour NNPC. La compagnie affiche aujourd’hui une santé financière historique, mais transformer ce profit en croissance durable exigera des décisions courageuses et une gouvernance rigoureuse. Sur le papier, l’ambition est claire. Dans les faits, il reste encore à la concrétiser pleinement.