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  • 24/11/2025

BDEAC / Notation Moody’s : Un pas décisif vers les marchés internationaux

La Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) obtient sa première notation financière internationale. Moody’s lui attribue la note B3 avec perspective stable. Une étape stratégique pour l’institution régionale, qui vise une plus grande crédibilité et une diversification de ses financements.

 

Le 21 novembre 2023, l’agence Moody’s a publié une évaluation inédite : la BDEAC se voit attribuer la note B3, assortie d’une perspective stable. C’est la première fois que cette institution sous-régionale, bras financier de la CEMAC, entre dans le champ des notations internationales.

 

En clair : la notation « Ba3 avec perspective stable » attribuée par Moody’s à la BDEAC signifie que la Banque est jugée financièrement solide mais reste dans la catégorie dite « spéculative », avec un risque de crédit plus élevé que les institutions notées en catégorie investissement. La mention « stable » indique que Moody’s ne prévoit pas de changement de note à moyen terme.

 

Cette notation s’inscrit dans le cadre du Plan Stratégique 2023–2027 « Azobé », dont l’Orientation n°3 vise explicitement le renforcement de la crédibilité institutionnelle. Elle reflète, selon Moody’s, la solidité des fondamentaux financiers de la Banque : capitalisation, rentabilité, qualité d’actifs et niveau de liquidité. L’agence souligne également la qualité de la gouvernance, fondée sur un cadre institutionnel robuste et une gestion prudente.

 

« Cette notation est une étape importante dans notre stratégie de développement. Elle nous permettra de mobiliser davantage de ressources pour financer les projets de développement dans la sous-région », a déclaré Dieudonné Evou Mekou, président de la BDEAC, dans le communiqué officiel du 22 novembre 2023.


Une note modeste, mais stratégique

 

La note B3 reste modeste dans l’échelle de Moody’s. Elle indique une capacité de remboursement jugée vulnérable en cas de chocs économiques ou politiques. Mais la perspective stable signifie que Moody’s ne prévoit pas de dégradation à moyen terme, malgré les incertitudes dans certains pays membres.

 

Dans un environnement CEMAC marqué par des tensions budgétaires, des risques politiques et une faible intégration financière, cette notation constitue un signal positif. Elle ouvre la voie à une diversification des ressources, notamment par l’émission d’obligations sur les marchés internationaux.

 

Une institution en mutation

 

Créée en 1975, la BDEAC a longtemps fonctionné comme une banque de développement classique, dépendante des États membres et des bailleurs multilatéraux. Depuis quelques années, elle cherche à moderniser ses outils, à renforcer sa gouvernance, et à s’aligner sur les standards internationaux.

 

Cette notation intervient alors que la Banque célèbre son cinquantenaire, et qu’elle ambitionne de jouer un rôle plus actif dans la transformation économique de la sous-région. Elle finance des projets dans les infrastructures, l’énergie, la santé, et l’agriculture, avec une volonté affirmée de soutenir l’intégration régionale.

 

Et après ?

 

La BDEAC ne compte pas s’arrêter là. Elle vise une amélioration progressive de sa notation, en consolidant ses fondamentaux et en diversifiant ses sources de revenus. Cela suppose une discipline financière accrue, une gestion des risques renforcée, et une capacité à mobiliser des ressources sur les marchés internationaux.

 

« Nous poursuivrons nos efforts pour améliorer cette notation dans les années à venir », a affirmé M. Evou Mekou, soulignant l’importance de la gouvernance et de la stratégie financière dans cette trajectoire.


La notation B3 de Moody’s ne transforme pas encore la BDEAC en acteur majeur des marchés internationaux. Mais elle marque une rupture stratégique. Elle ouvre une nouvelle ère pour la Banque, celle de la visibilité mondiale, de la discipline financière, et de l’ambition régionale assumée.