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  • 24/11/2025

Sénégal : Quand les banques ivoiriennes deviennent le pilier financier du pays

Au Sénégal, la situation financière devient critique. L’État fait face à des tensions budgétaires croissantes et voit sa capacité à financer ses dépenses se réduire. Dans ce contexte, ce sont les banques ivoiriennes qui viennent au secours de Dakar.

 

En un an seulement, leurs achats de dette sénégalaise ont triplé, atteignant près de 1 800 milliards FCFA (2,7 milliards d’euros). Ces établissements détiennent désormais 42% des obligations sénégalaises, devenant ainsi des acteurs incontournables du marché souverain du pays.

 

Cette intervention survient au moment où Standard & Poor’s a abaissé la note souveraine du Sénégal, la faisant passer de B- à CCC+. Cette dégradation signale que le pays est désormais considéré comme très risqué et vulnérable face à ses obligations financières. Pour les investisseurs internationaux, cela se traduit par une hausse probable des taux d’intérêt sur toute nouvelle dette émise.

 

Pour Dakar, ce soutien massif des banques ivoiriennes offre un souffle vital à court terme. Les fonds injectés permettent au pays de maintenir ses programmes publics et d’éviter une crise immédiate de liquidité. Mais cette dépendance accrue comporte des risques : tout retrait ou limitation de l’exposition des banques ivoiriennes pourrait provoquer un choc financier majeur.

 

Du côté des banques ivoiriennes, l’opération présente à la fois des opportunités et des dangers. Les obligations sénégalaises, désormais à haut rendement, peuvent générer des profits significatifs. Elles confèrent également une influence stratégique dans la région. Mais l’exposition à un pays noté CCC+ n’est pas sans risque : tout défaut ou restructuration de la dette sénégalaise pourrait entraîner des pertes lourdes pour ces établissements.

 

Selon Standard & Poor’s, « la dégradation de la note reflète la vulnérabilité du Sénégal face à des chocs économiques et financiers, et le risque élevé d’un défaut partiel ou total sur sa dette souveraine » (S&P, 2025).

 

L’avenir reste incertain. Si le Sénégal réussit à stabiliser ses finances, les banques ivoiriennes pourraient tirer un bénéfice stratégique et financier important. En revanche, une détérioration persistante pourrait transformer leur rôle de soutien en une exposition risquée.

 

Dans ce paysage complexe, Dakar et Abidjan apparaissent désormais étroitement liés par un réseau de dette et de dépendance mutuelle. La santé financière de l’un influence directement la stabilité de l’autre, illustrant les défis et les interdépendances qui caractérisent l’économie ouest-africaine contemporaine.