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  • 24/11/2025

Kenya–Malaisie : Une coopération économique qui change d’échelle

La visite officielle du Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim à Nairobi marque une montée en gamme assumée de la relation bilatérale entre le Kenya et la Malaisie. Les déclarations diffusées sur X par Musalia W. Mudavadi, Premier secrétaire du cabinet, et le président William Ruto s’inscrivent dans une stratégie économique claire : repositionner la coopération sur des secteurs productifs — logement, infrastructures, numérique, agriculture — et mieux arrimer les partenariats internationaux aux priorités d’investissement nationales.

 

Logement abordable : un levier où la Malaisie dispose d’un vrai avantage comparatif

 

L’intérêt des entreprises malaisiennes pour le programme kényan de logements abordables tombe à un moment clé. Avec une demande annuelle estimée à plus de 250 000 unités et un déficit cumulé dépassant les 2 millions de logements, Nairobi recherche des partenaires capables d’apporter des modèles industrialisés, des technologies de construction efficaces et des montages financiers innovants.

 

La Malaisie, forte de plusieurs décennies d’expérience dans les partenariats publics-privés et les programmes de logements à coûts maîtrisés, arrive avec une expertise éprouvée. Pour le Kenya, c’est l’opportunité d’accélérer l’exécution tout en améliorant la qualité et la soutenabilité financière des projets.

 

Économie numérique : renforcer les capacités et attirer l’investissement

 

Sur le segment numérique, la coopération se concentre sur des secteurs où le Kenya affiche déjà un potentiel reconnu — fintech, services externalisés, cybersécurité — mais où il reste des besoins d’infrastructures et de compétences.

 

La Malaisie, devenue en deux décennies l’un des hubs technologiques d’Asie du Sud-Est, propose un savoir-faire industriel en matière de data centers, de services numériques transfrontaliers et de développement de plateformes. Les échanges annoncés pourraient déboucher sur :

  • des investissements dans les infrastructures digitales,
  • des partenariats de formation technique,
  • le renforcement de la cybersécurité nationale,
  • des chaînes de valeur numériques intégrées.

 

Pour Nairobi, c’est une opportunité de consolider son positionnement de hub technologique régional.

 

Infrastructures, agriculture, énergie : la coopération s’aligne sur le plan national de 5 000 milliards KES

 

Le président Ruto a replacé la visite malaisienne dans la trajectoire du plan d’investissement national de 5 000 milliards de shillings kenyans (environ 38,6 milliards de dollars). Ce plan ancre les priorités du pays : irrigation à grande échelle, routes et corridors économiques, amélioration de l’accès à l’énergie, intégration logistique et augmentation de la productivité agricole.

 

Dans ce contexte, la Malaisie représente un partenaire susceptible d’apporter :

  • des technologies de construction avancées,
  • une expertise en gestion de projets d’envergure,
  • des financements concessionnels ou hybrides,
  • un accompagnement industriel orienté vers les résultats.

 

Cette convergence crée de nouvelles marges de coopération dans l’agro-industrie, les infrastructures énergétiques et la transformation locale.

 

Tourisme : un outil économique et diplomatique mieux valorisé

 

Les deux pays souhaitent muscler leur coopération touristique, un secteur qui pèse significativement dans leurs économies respectives. L’objectif : co-construire des stratégies de promotion, ouvrir des circuits culturels réciproques et renforcer la visibilité internationale via des partenariats institutionnels.

 

Cette orientation traduit une diplomatie économique plus mature, où le “soft power” devient un vecteur de revenus, d’échanges culturels et de diversification économique.

 

Vers un partenariat plus technique, plus stratégique, plus orienté résultats

 

Soixante ans après le début de leur relation diplomatique, le Kenya et la Malaisie cherchent à réinventer leur coopération. L’usage de X pour communiquer simultanément — politique intérieure oblige — modernise la forme, mais le fond révèle une ambition plus structurée : ancrer les alliances dans l’investissement productif, aligner les partenariats sur les priorités nationales et s’inspirer des trajectoires de réussite de pays émergents comme la Malaisie.

 

Le défi, désormais, sera celui de l’exécution : transformer l’intérêt affiché en projets bancables, réduire les lenteurs administratives, sécuriser les financements et garantir la cohérence entre les ambitions politiques et les réalités opérationnelles.