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  • 08/09/2025

RDC : Les conflits fonciers menacent l’accord de paix et l’économie minière

Dans l’est de la République démocratique du Congo, le retour des paysans déplacés par les violences se transforme en nouvelle crise. Les terres qu’ils retrouvent sont souvent occupées, provoquant une vague de litiges qui fragilise l’accord de paix signé en juin sous l’égide de Donald Trump.

 

Dans la province du Nord-Kivu, des centaines de familles paysannes reviennent après avoir fui les offensives du M23. Mais leurs champs, jadis plantés de choux et de chou-fleur, sont désormais cultivés par d’autres. Certains nouveaux occupants affirment être des Congolais Tutsis en quête de sécurité. D’autres sont soupçonnés d’être des Rwandais installés dans les zones sous contrôle rebelle.

 

Ces querelles foncières, rapportées par Reuters, deviennent un nouveau foyer de tensions. Pour tenter de calmer la situation, le M23 a mis en place un “centre d’arbitrage” chargé de régler les différends. Une décision controversée : un mouvement armé, accusé de violations graves des droits humains, se retrouve juge des terres qu’il contrôle.

 

Selon l’ONU, le Rwanda exerce un commandement direct sur le M23, ce que Kigali dément. Le mouvement rebelle, lui, insiste sur le fait que la plupart des nouveaux occupants sont des Congolais et non des étrangers. Mais pour de nombreux déplacés, le sentiment d’expropriation demeure.

 

Paix fragile et économie sous pression

 

La persistance de ces conflits menace directement l’accord de paix conclu en juin 2025 à Doha, sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump. Cet accord prévoyait un cessez-le-feu et un processus de réconciliation. Or, les discussions prévues entre Kinshasa et le M23 ont déjà été reportées. Sans résolution du problème foncier, difficile d’imaginer un retour durable à la stabilité.

 

La situation dépasse le simple enjeu local. L’est de la RDC concentre des ressources stratégiques pour l’économie mondiale, notamment le cobalt, indispensable aux batteries électriques. L’instabilité foncière et sécuritaire pourrait freiner les investissements étrangers et perturber l’approvisionnement global en minerais critiques.

 

Le dilemme des paysans

 

Au cœur de cette crise se trouvent les populations rurales. Revenues après des années d’exil, elles espéraient retrouver leurs champs pour assurer leur subsistance. Mais le choc de découvrir leurs terres occupées les plonge dans un dilemme : accepter les arbitrages du M23 ou risquer de nouveaux affrontements.

 

Les querelles foncières ajoutent une couche de complexité à une région déjà marquée par des décennies de conflits armés, d’ingérences étrangères et de rivalités ethniques. Elles rappellent que la paix ne se limite pas à un accord politique. Elle passe aussi par la garantie des droits fondamentaux : la terre, la sécurité et la justice.

 

La RDC se retrouve une fois encore face à ses contradictions : immense richesse minière et pauvreté persistante, accords de paix ambitieux mais difficilement applicables. Si les litiges fonciers ne sont pas résolus rapidement, l’accord de Doha risque de n’être qu’une parenthèse. Et derrière ce risque politique se joue aussi l’avenir de l’économie minière mondiale.

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