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  • 17/12/2025

Mali / Fin du bras de fer : Barrick Mining récupère Loulo‑Gounkoto et trois tonnes d’or

Après deux ans de tensions, de saisies spectaculaires et de bras de fer politique, le Mali et Barrick Mining ont enfin tourné la page de leur différend autour de l’emblématique mine d’or de Loulo‑Gounkoto. L’accord conclu le mois dernier a permis à la compagnie canadienne de récupérer le contrôle opérationnel du complexe, et un juge malien a ordonné la restitution de trois tonnes d’or saisies, d’une valeur d’environ 400 millions de dollars.

 

Ce dénouement marque la fin d’un conflit inédit dans l’histoire récente de l’exploitation minière en Afrique de l’Ouest. Depuis 2023, les autorités maliennes et Barrick étaient embourbées dans un désaccord violent portant sur l’application du nouveau code minier adopté par Bamako, qui visait à renforcer la part de l’État dans les ressources du pays et à accroître les recettes fiscales.

 

Le point d’orgue de cette confrontation avait eu lieu en janvier 2025, lorsqu’un hélicoptère militaire malien avait saisi près de trois tonnes d’or dans les réserves du complexe, stockées à la Banque Malienne de Solidarité à Bamako. Cette saisie spectaculaire avait immédiatement paralysé les activités du site et conduit Barrick à suspendre ses opérations.

 

Pour Bamako, il s’agissait d’affirmer sa souveraineté économique après l’entrée en vigueur d’un code minier perçu comme trop favorable aux multinationales. La réforme permettait à l’État de porter sa participation dans les mines jusqu’à 35% et de revoir les avantages fiscaux consentis historiquement.

 

Côté canadien, l’enjeu était tout aussi vital : Loulo‑Gounkoto est l’un des actifs les plus rentables du groupe, représentant des centaines de milliers d’onces d’or chaque année. En 2023, le complexe avait produit près de 19,4 tonnes, soit une part significative de la production nationale malienne.

 

L’accord trouvé en novembre dernier inclut plusieurs concessions : Barrick s’engage à verser environ 430 millions de dollars à l’État malien, à abandonner ses procédures d’arbitrage international et à récupérer le contrôle administratif et opérationnel du site. En retour, le gouvernement a accepté de rendre la possession de l’or saisi et de mettre fin aux charges contre l’entreprise et certains de ses employés.

 

Un autre volet sensible de ce dossier était la détention de quatre employés de Barrick depuis fin 2024. Leur libération a été intégrée à l’accord comme gage de bonne foi des deux parties.

 

Sur le plan économique, cet accord est un signal fort aux investisseurs internationaux. Après une chute de la production nationale liée à l’arrêt forcé de Loulo‑Gounkoto, Bamako avait vu ses prévisions de rebond pour 2025 s’éloigner, avec une baisse sensible de l’extraction industrielle d’or.

 

Pour Barrick, la restitution de l’actif permet de stabiliser l’une des pièces maîtresses de son portefeuille mondial. Et pour le Mali, c’est une forme de compromis pragmatique entre affirmation de la souveraineté autour de ses ressources et besoin de restaurer la confiance des opérateurs étrangers.

 

Au‑delà des chiffres, cet épisode laisse une leçon claire : dans un monde où l’extraction des ressources naturelles continue d’être un levier de développement, le dialogue entre États et multinationales reste la condition sine qua non d’une exploitation durable et d’une croissance partagée.

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