News
  • 04/10/2025

Sénégal–FMI : Vers un nouveau programme après la révélation d’une dette plus lourde que prévu

Le Sénégal est de nouveau au centre de l’attention des institutions financières internationales. Le 3 octobre 2025, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a salué les progrès réalisés par Dakar dans la gestion de sa dette publique et son engagement en faveur de la transparence.

 

« Les autorités sénégalaises ont réalisé des progrès importants dans la résolution du problème des déclarations erronées. Je les félicite pour leur engagement admirable en faveur de la transparence, les mesures prises pour identifier les passifs de la dette publique et leur étroite collaboration avec les services du FMI », a-t-elle affirmé dans un communiqué.

 

Une dette plus lourde que prévu

 

Derrière ces mots de félicitations se cache en réalité un constat difficile : la dette publique du Sénégal est beaucoup plus élevée qu’annoncé ces dernières années. Selon les audits menés avec l’appui du FMI, une partie des engagements financiers de l’État n’avait pas été correctement enregistrée. Résultat : le ratio de dette, qui était officiellement estimé à 74% du PIB fin 2023, atteint en réalité plus de 111%. Pour 2024, il grimperait même à près de 119%.

 

Autrement dit, Dakar doit non seulement gérer une dette déjà lourde, mais aussi regagner la confiance des investisseurs et des bailleurs, ébranlée par ces « déclarations erronées ». Ces erreurs ne sont pas de simples détails techniques : elles signifient que le pays dépensait plus qu’il ne le disait et qu’il avait caché l’équivalent de 7 milliards de dollars de dettes, soit environ 4 245 milliards FCFA.

 

Pourquoi c’est un problème

 

Une dette plus élevée entraîne des coûts plus lourds. Plus la dette augmente, plus les intérêts à payer grèvent le budget de l’État. Cela réduit la marge de manœuvre pour investir dans l’éducation, la santé ou les infrastructures. Cela complique aussi l’accès à de nouveaux financements, car les prêteurs deviennent plus méfiants et exigent des taux plus élevés.

 

Le FMI a d’ailleurs noté que le déficit budgétaire réel de 2023 n’était pas de 4,9% du PIB, comme annoncé, mais plutôt de 12,3%. Une différence colossale qui révèle la fragilité des finances publiques.

 

Vers un nouveau programme avec le FMI

 

Conscient de l’urgence, le gouvernement sénégalais a officiellement demandé un nouveau programme soutenu par le FMI. Les premières discussions se sont tenues en août à Dakar, et des négociations plus poussées sont prévues lors des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, à la mi-octobre.

 

L’objectif affiché est clair : restaurer la stabilité macroéconomique, renforcer la résilience de l’économie face aux chocs extérieurs et relancer une croissance inclusive capable d’améliorer concrètement le niveau de vie des Sénégalais. « Notre objectif est de soutenir les priorités politiques du Sénégal et de contribuer à améliorer le niveau de vie des Sénégalais », a souligné Mme Georgieva.

 

Une collaboration sous haute surveillance

 

Le FMI assure qu’il restera aux côtés du Sénégal dans les années à venir, mais la relation est désormais placée sous le signe de la rigueur et de la transparence. Chaque nouvelle dépense, chaque engagement devra être scruté et validé pour éviter de nouvelles “surprises”.

 

Pour Dakar, ce futur programme représente à la fois un soutien financier vital et une mise à l’épreuve : réussir à convaincre qu’après les erreurs du passé, la gestion des comptes publics est désormais irréprochable.