Dakar mobilise l’épargne régionale à travers la BRVM pour financer des projets structurants, dans un contexte où les États africains cherchent à diversifier leurs sources de financement.
L’État du Sénégal a officiellement lancé, le 19 juin 2025, un emprunt obligataire de 300 milliards de FCFA sur le Marché Financier Régional de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). La cérémonie s’est tenue au Musée des Civilisations Noires de Dakar, en présence de plusieurs responsables du Trésor public, d’institutions boursières et d’acteurs du secteur financier.
Un emprunt à taux progressif pour séduire les investisseurs
L’opération, structurée en quatre tranches de maturité (3, 5, 7 et 10 ans), offre des taux d’intérêt allant de 6,40% à 6,95%. Un positionnement stratégique qui vise à attirer à la fois les investisseurs institutionnels et les épargnants individuels. Le mandat de structuration et de placement a été confié à CGF Bourse, une société de gestion sénégalaise bien implantée sur le marché régional.
Selon Oumar Dème, Directeur de l’Antenne Nationale de la Bourse du Sénégal, cette émission incarne « la volonté stratégique du Sénégal de diversifier ses sources de financement à travers des instruments innovants, transparents et inclusifs ».
Renforcer les financements domestiques face aux incertitudes extérieures
Dans un contexte où de nombreux États africains subissent encore les effets du resserrement monétaire international, le Sénégal fait le choix de mobiliser l’épargne locale et régionale pour soutenir son développement. L’objectif affiché est de financer des projets jugés prioritaires pour l’économie, sans alourdir excessivement le service de la dette extérieure.
« Le Sénégal demeure une signature souveraine de qualité, stable, crédible et portée par une stratégie rigoureuse de gestion de la dette publique », a ajouté le représentant de la BRVM, par la voix de son antenne nationale.
La BRVM, un instrument régional au service des États
Créée en 1998, la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) s’affirme comme un levier central de financement pour les pays membres de l’UEMOA. En un peu plus de deux décennies, elle a permis de lever 18 730 milliards FCFA, dont près de 15 886 milliards au profit des États. À lui seul, le Sénégal a mobilisé 1 301,73 milliards FCFA, soit 8,19% du volume global.Basée à Abidjan mais opérant pour les huit pays de l’Union, la BRVM offre une plateforme intégrée, électronique et régulée, qui attire de plus en plus d’émetteurs souverains et privés.
Un appel lancé aux investisseurs régionaux
Alors que les marges de manœuvre budgétaires se resserrent, ce type d’opération apparaît comme un modèle de financement alternatif, mieux adapté aux réalités africaines. Les autorités sénégalaises ont lancé un appel solennel aux investisseurs pour une souscription massive, condition nécessaire à la réussite de l’opération.
Confiance, transparence, et performance : tels sont les piliers sur lesquels l’État mise pour rallier les épargnants à son ambition. Et, au-delà du Sénégal, cette opération pourrait inspirer d’autres pays de l’UEMOA désireux de capitaliser sur le marché régional plutôt que de s’exposer aux conditions plus volatiles des marchés internationaux.
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