Le Zimbabwe a longtemps eu ce paradoxe qui amuse les économistes : un des patrimoines naturels les plus spectaculaires d’Afrique australe, mais un secteur touristique empêtré dans une bureaucratie si dense qu’elle finissait par faire fuir les plus motivés. Et voilà que, depuis quelques mois, Harare décide de changer le script – avec une énergie qui ressemble aux grandes campagnes de rattrapage économique.
Cette fois, le tourisme
n’est plus traité comme un secteur “sympa à avoir”. Il devient un pilier
stratégique, le genre de pilier qu’on polit, qu’on allège et qu’on protège,
parce qu’il doit rapporter des devises, attirer des investisseurs et générer
des emplois à grande échelle.
Le cœur de la
transformation commence par un ménage réglementaire qui ressemble à un
démontage complet du vieux système de licences. Les coûts, autrefois
dissuasifs, s’effondrent. Les hôtels, notamment les 5 étoiles qui payaient plus
de 5 000 dollars pour renouveler leur licence, profitent désormais d’un tarif
qu’on croirait négocié en période de soldes. La licence tombe à 2 000 dollars.
Les petites maisons
d’hôtes voient leurs frais divisés par plus de trois. Et certaines exigences
jugées archaïques disparaissent simplement, comme les licences d’alcool que
personne ne comprenait vraiment. L’Autorité du tourisme du Zimbabwe prend seule
les commandes, digitalise tout le processus, et transforme la lourdeur
administrative en simple formalité.
Dans l’ombre de cette
simplification, le gouvernement glisse un deuxième étage de fusée : les
incitations. Elles ne concernent plus seulement les hôtels et les
tour-opérateurs, mais tout l’écosystème – aviation, écotourisme, tourisme
communautaire, événementiel.
Les permis pour les
bateaux commerciaux sont supprimés, ceux des houseboats sont coupés de moitié,
tandis que les frais pour les avions deviennent presque symboliques. Les
restaurants et agences de voyage, longtemps étranglés par des coûts
irrationnels, respirent enfin. On comprend le message : l’État veut densifier
les investissements, encourager les expansions, fluidifier les opérations. Pour
un pays qui veut redevenir un hub touristique sérieux en Afrique australe,
c’est presque un prérequis.
Mais un secteur
touristique ne se réveille jamais par décret. Il se réveille grâce aux routes,
aux aéroports, aux postes-frontières. Harare l’a bien compris et multiplie les
chantiers visibles : Beitbridge, longtemps réputé pour ses files interminables,
se modernise ; l’aéroport de Victoria Falls continue sa montée en gamme ; les
corridors touristiques reçoivent un lifting destiné à réduire les frictions. Ce
n’est pas glamour, mais c’est essentiel : un touriste heureux commence toujours
par être un touriste qui a voyagé sans stress.
À côté de ces
investissements lourds, une offensive plus subtile se déploie : un marketing
renouvelé, tourné vers le monde. Le Zimbabwe envoie un signal clair aux
compagnies aériennes, aux groupes hôteliers, aux plateformes internationales.
Le pays veut se repositionner comme destination sûre, prévisible, ouverte,
connectée.
Les partenariats
s’enchaînent, la ZTA prend le lead, et le privé est explicitement invité à
co-investir dans l’image du pays. Le tourisme, ici, n’est pas traité comme une
affaire de brochures mais comme un secteur d’exportation à part entière, avec
ses règles, ses risques et ses ambitions.
Reste un dernier
pilier, peut-être le plus décisif pour les investisseurs : la gouvernance. Le
Zimbabwe tente de refermer la parenthèse des années d’incertitudes légales en
renforçant les dispositifs de protection des investisseurs. La ZIDA muscle ses
garanties, les systèmes de règlement des litiges sont revus, et les coûts
d’entrée – longtemps jugés prohibitifs – sont eux aussi rabotés. La licence
d’investissement générale, autrefois hors de portée, se stabilise à 4 000
dollars sur trois ans. Même les zones économiques spéciales deviennent plus
accessibles.
Dans cette
orchestration, tout converge vers un récit économique cohérent : un État qui
cherche à redevenir compétitif, à attirer les capitaux et à repositionner son
tourisme comme moteur de transformation. Le Zimbabwe rêve encore de son horizon
2030 et de son statut de pays à revenu intermédiaire supérieur. Pour y arriver,
il a besoin d’un secteur touristique moderne, rentable, structuré, capable de
nourrir des chaînes de valeur entières – de l’aviation à l’agrotourisme, du
MICE au tourisme communautaire.
Les signaux envoyés
sont clairs, presque impatients. Aux investisseurs, le Zimbabwe dit : “venez,
c’est le moment”. Aux opérateurs locaux : “saisissez les nouvelles marges”. Aux
touristes : “la maison est en train de redevenir accueillante”.
Il reste du travail,
bien sûr. Mais le mouvement est lancé, et cette fois, il ressemble à une vraie
stratégie – pas à une simple annonce. Dans un continent où la bataille pour les
devises se joue parfois sur un détail, Harare a décidé d’avancer vite, fort et
avec une feuille de route assumée. Un pari qui, s’il est tenu, pourrait bien
reconfigurer le paysage touristique d’Afrique australe.
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