Une vieille recette remise au goût du jour
Le 4 juillet 2025, huit migrants condamnés pour
des crimes violents sont expulsés des États-Unis. Direction : Juba, la capitale
du Soudan du Sud. Rien ne les rattache à ce pays, pourtant, c’est là qu’ils
atterrissent. Parmi eux, des ressortissants de Cuba, du Laos, du Mexique, du
Myanmar, du Vietnam et du Soudan du Sud.
Une semaine plus tard, rebelote : cinq autres
hommes, cette fois venus du Vietnam, de Cuba, du Yémen, de la Jamaïque et du
Laos, sont envoyés en Eswatini. Ces transferts ne sont pas anodins. Ils
marquent le retour d’une politique américaine relancée après le feu vert de la
Cour suprême en juin 2025 : expulser des migrants vers des pays tiers, sans se
soucier du refus de leur pays d’origine.
Quand l’économie fait pression sur la diplomatie
Pour obtenir la coopération d’États comme
l’Eswatini, Washington ne passe pas par quatre chemins. D’après des sources
diplomatiques, l’administration Trump aurait agité la menace de taxes
douanières de 10% sur les exportations du petit royaume africain.
L’Eswatini, très dépendant du commerce avec les
États-Unis, aurait fini par céder. En échange ? Des aides financières, du moins
en théorie. Pour l’instant, ni les montants, ni les modalités n’ont été
révélés. Dans une tribune publiée le 10 juillet sur African Arguments, Ken
Opalo, professeur à Georgetown, résume ces accords en un mot : «
transactionnels ». En clair, du donnant-donnant, sans vraie vision.
Des migrants pris dans la tourmente
Et une fois arrivés ? Pas de tapis rouge. Les
expulsés sont aussitôt mis en détention. En Eswatini, certains se retrouvent
enfermés dans le centre correctionnel de Matsapha, où l’isolement prolongé est
la norme.
Au Soudan du Sud, la situation est encore plus
inquiétante. Le pays reste en proie à une instabilité chronique : entre janvier
et avril 2025, l’ONU a recensé 900 morts. Face à ces réalités, le
Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a tiré la sonnette
d’alarme le 12 juillet. Pour lui, envoyer des migrants dans ces zones revient à
les exposer à des traitements inhumains.
Des États africains qui ne se laissent pas faire
Mais tout le continent ne dit pas oui. Le
Nigeria, par exemple, a refusé d’accueillir des migrants venus du Venezuela,
dénonçant des « accords déséquilibrés ». Le Sénégal, quant à lui, garde le
silence, bien qu’il ait été approché.
L’Organisation internationale pour les migrations
(OIM), elle, a tenu à clarifier les choses. Dans un communiqué du 15 juillet
2025, elle affirme ne pas avoir été impliquée dans les transferts vers
l’Eswatini, contrairement à ce qu’avaient affirmé certaines autorités locales.
Quand la politique migratoire bouscule les
relations internationales
Au-delà du dossier migratoire, cette stratégie
pourrait bien laisser des traces dans les relations entre Washington et
plusieurs capitales africaines. L’idée de forcer des pays à accueillir des
migrants refoulés dérange. Et pour cause : cela ouvre la voie à une forme de
diplomatie brutale.
Pour Ken Opalo, c’est clair : transformer des
pays pauvres en « décharges géopolitiques » n’est pas une politique durable.
Les coûts – logistique, sécurité, impact social – risquent fort de dépasser les
compensations promises.
Aux États-Unis, tout le monde n’applaudit pas
Cette ligne dure n’est pas sans contestation. En
mai 2025, un tribunal fédéral de Boston a suspendu certaines expulsions vers le
Soudan du Sud. Le juge a pointé du doigt plusieurs manquements, notamment le
fait que les migrants n’avaient pas été informés à l’avance.
Ces blocages judiciaires ralentissent la machine,
sans pour autant l’arrêter. Pendant ce temps, la Maison-Blanche communique à
tout-va, dévoilant sur les réseaux sociaux les identités et les antécédents des
expulsés, comme pour légitimer la démarche.
Et demain, le Rwanda ?
D’autres pays pourraient être concernés. Des
discussions seraient en cours avec le Rwanda pour des accords similaires. Mais
plus la stratégie américaine se déploie, plus elle cristallise les critiques,
que ce soit en Afrique ou au sein des instances onusiennes.
Et pendant que les États-Unis s’enlisent dans
cette logique musclée, la Chine, la Russie ou encore la Turquie continuent de
tisser leur toile sur le continent. En clair, cette politique migratoire
pourrait coûter cher à Washington, non seulement sur le plan humain, mais aussi
en termes d’influence.
Le vrai risque : perdre la main en Afrique
Ce regain d’expulsions vers l’Afrique marque un
tournant : les États-Unis misent désormais sur la force plus que sur la
coopération. Si l’objectif est de marquer des points sur le plan électoral, la
facture diplomatique, elle, pourrait être salée. Une question s’impose :
jusqu’où cette stratégie peut-elle aller sans entamer durablement la légitimité
américaine sur la scène internationale ?
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