Selon les Etats-Unis d’Amérique, la plateforme de paiement mobile M-Pesa développée au Kenya par l’opérateur mobile Safaricom est très vulnérable au blanchiment d’argent. C’est ce qu’indique le volume 2 du rapport international sur la stratégie de contrôle des stupéfiants, rendu public ce mois de mars 2017 par le département d’Etat américain. Ce volume 2 se focalise sur le blanchiment d’argent et les crimes financiers.
D’après ce rapport, les envois d’argent de la diaspora au Kenya ont totalisé 1,55 milliard de dollars en 2015 et 862 millions de dollars entre janvier et Septembre 2016. Le Kenya compte environ 159 000 agents de monnaie mobile, la plupart travaillant pour le compte du système de paiement mobile M-PESA de Safaricom. Le département d’Etat fait également savoir qu’il y a aussi plus de 10 millions de comptes sur M-Shwari, le service bancaire en ligne de Safaricom. « Ces services restent vulnérables au blanchiment d’argent », conclût le Département d’Etat américain.
Acheter des crédits mobiles
D’après les Américains, le suivi et l’investigation sur des transactions suspectes dans système de paiement mobile et de la banque mobile sont difficiles. Par exemple, les criminels pourraient utiliser des fonds illicites pour acheter des crédits mobiles à des montants inférieurs aux seuils de déclaration fixés par les opérateurs mobiles, indique le rapport.
L’absence de réglementation rigoureuse de ce secteur et l’insuffisance des rapports de certaines entités déclarantes augmente le risque d’utilisation des paiements mobiles pour le blanchiment d’argent, estime le rapport.
En clair, le rapport indique qu’il existe des réseaux et systèmes de transfert de fonds qui manquent de transparence et facilitent les transferts que le gouvernement est incapable de contrôler.
Le rapport ajoute que d’autres canaux de transfert régionaux comme le hawala (un type de système informel de transfert d’argent populaire au Kenya et en Somalie) pour les transferts de fonds internationaux rendent plus difficile le suivi des transactions. Ceci, contrairement à M-Pesa qui est étroitement réglementé et a des limites quotidiennes de transfert de 1 400 dollars.
Compétences à former
Pour sa part, le système hawala qui permet le transfert de grandes sommes d’argent peut être utilisé sans exigences de document d’identification. Les Etats-Unis indiquent également que le gouvernement kenyan et particulièrement la police kenyane n’accorde pas de ressources adéquates pour développer des compétences pour conduire des investigations financières de manière indépendante. Néanmoins, l’on apprend de ce rapport que le Kenya et les Etats-Unis coopèrent déjà au cas par cas au sujet des investigations sur le blanchiment d’argent. En définitive, le rapport du département d’Etat plaide pour plus de régulation et de coopération internationale en matière de flux financiers mobiles.
Source TICMag