Malgré un contexte international incertain, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) confirme sa vitalité économique. En 2024, la croissance s’est établie à 6,2%, tirée par des performances sectorielles globalement positives. Un chiffre flatteur qui masque toutefois des fragilités budgétaires persistantes.
Une économie en accélération
C’est un signal fort : après une croissance de 5,3% en 2023, l’UEMOA a franchi un nouveau cap. Tous les secteurs ont contribué à cette progression. L’industrie a repris des couleurs, les services ont maintenu leur rythme, et l’agriculture s’est redressée malgré des aléas climatiques.
Plus révélateur encore, le quatrième trimestre 2024 a connu une pointe de croissance de 7%. Ce dynamisme repose en grande partie sur l’investissement public, la vigueur de la consommation intérieure et une meilleure orientation des exportations – notamment de matières premières agricoles, dont les cours se sont envolés (cacao, huiles végétales, caoutchouc).
L’environnement monétaire a aussi joué un rôle. La stabilité des taux d’intérêt et la hausse de la masse monétaire (+8,8% sur un an) ont soutenu la liquidité dans le système bancaire. En toile de fond : une confiance globale des acteurs économiques, confirmée par le bon niveau de l’indice du climat des affaires.
Un déficit budgétaire qui s’allège mais reste lourd
Côté finances publiques, l’image est moins reluisante. En 2024, le déficit budgétaire de l’Union s’est établi à 5,1% du PIB. Un repli notable par rapport à 6,2% en 2023, mais qui reste au-dessus du critère de convergence communautaire de 3%. Autrement dit, les États continuent de vivre au-dessus de leurs moyens.
La gestion de ce déficit repose encore massivement sur l’endettement. En fin d’année, la dette publique atteignait 62,4% du PIB – un niveau relativement stable, mais élevé pour une zone à faible pression fiscale (14,6%). La majeure partie du financement a été obtenue à l’extérieur (78,3%), révélant une dépendance persistante aux marchés internationaux.
Autre point de vigilance : la structure même des emprunts. Plus de la moitié (54,1%) des titres publics émis l’ont été à court terme. Une stratégie qui soulage la trésorerie immédiate, mais accroît les risques de refinancement rapide en cas de tension sur les taux.
Des perspectives encourageantes… sous conditions
La BCEAO anticipe une croissance de 6,3% en 2025 et 5,9% en 2026. Le retour progressif à la discipline budgétaire, avec un déficit attendu à 3,1% en 2026, doit s’accompagner d’une hausse de la pression fiscale (objectif : 15,9%). C’est à ce prix que l’Union pourra dégager les marges nécessaires pour investir durablement.
Mais l’équation reste fragile. L’inflation devrait continuer à baisser – 2,7% en 2025 –, portée par la détente des prix internationaux et une bonne campagne vivrière. Toutefois, des menaces pèsent toujours : insécurité persistante dans certaines régions, tensions géopolitiques globales, volatilité des cours mondiaux.
Un impératif de cohérence
L’UEMOA affiche des ambitions, mais doit stabiliser ses fondamentaux. Le défi des prochaines années est clair : convertir la croissance en résilience. Cela passe par un meilleur ciblage des dépenses publiques, une mobilisation plus efficace des recettes, et un renforcement de la gouvernance économique.