Avec ses récentes découvertes pétrolières et minières, la Côte d’Ivoire change d’échelle. Le président Ouattara y voit une opportunité historique pour transformer durablement l’économie nationale.
Depuis 2023, la Côte d’Ivoire est entrée dans une nouvelle ère énergétique. Le pays a amorcé la production pétrolière et gazière à grande échelle grâce aux blocs offshore Baleine 1 et Baleine 2, découverts par le groupe italien ENI, en partenariat avec la société nationale PETROCI Holding. Une première dans l’histoire énergétique nationale.
« Ces gisements affichent déjà des performances supérieures aux prévisions », a annoncé le président Alassane Ouattara dans une publication récente. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 50 000 à 60 000 barils de pétrole brut par jour, et jusqu’à 60 millions de pieds cubes de gaz naturel sont actuellement extraits de ces gisements.
Une ambition claire : devenir un acteur énergétique régional
Cette percée n’est pas simplement technique ou conjoncturelle. Elle s’inscrit dans une stratégie de positionnement régional. À l’horizon 2028, un troisième champ pétrolier, Calao, devrait entrer en production, consolidant la montée en puissance du pays dans le secteur énergétique en Afrique de l’Ouest.
Avec cette dynamique, la Côte d’Ivoire pourrait bientôt réduire sa dépendance énergétique et même devenir exportatrice nette, tout en diversifiant ses partenaires économiques.
Un potentiel minier encore peu exploité… mais prometteur
Parallèlement à l’énergie, c’est le secteur minier qui attire les regards. Outre l’or, dont la production est en nette hausse, le pays enregistre des découvertes stratégiques : lithium, nickel et autres minerais rares, indispensables à la transition énergétique mondiale.
Ces ressources, jusqu’ici sous-exploitées, pourraient devenir les piliers d’une nouvelle industrie ivoirienne, si elles sont bien valorisées localement. L’objectif affiché est clair : ne plus se contenter d’extraire, mais transformer sur place.
Le pari du contenu local : un enjeu social et économique
« Le développement des hydrocarbures et des mines agit comme un catalyseur pour le contenu local », a insisté le chef de l’État. Cela signifie former, employer et faire monter en compétences les Ivoiriens.
Les secteurs ciblés sont vastes : ingénierie, logistique, extraction, transformation, commercialisation. Pour la jeunesse, ces nouvelles filières représentent une alternative solide à l’économie informelle.
Mais la réussite dépendra de la capacité du pays à construire des écosystèmes de formation, à soutenir les PME locales et à garantir un accès équitable aux marchés publics liés au secteur extractif.
Gouvernance et durabilité : les deux piliers de la crédibilité
La manne pétrolière est souvent un piège. Le président Ouattara en semble conscient : « Notre volonté est d’assurer une gouvernance transparente de ces revenus pétroliers et gaziers, afin de les affecter à des investissements productifs et des secteurs prioritaires, notamment l’éducation, la santé et la lutte contre la pauvreté. »
Cet engagement rejoint les principes de bonne gouvernance des industries extractives promus par plusieurs institutions internationales. Une exigence majeure, dans un pays où la méfiance autour de la gestion des ressources publiques est encore vive.
Une ambition verte en toile de fond
Le développement minier et pétrolier ivoirien ne signifie pas un abandon de l’agenda climatique. Au contraire. La Côte d’Ivoire affiche des objectifs ambitieux : 45% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030, et réduction de 28% des émissions de gaz à effet de serre.
Reste à voir si ces engagements seront compatibles avec l’exploitation intensive des ressources fossiles. Le défi est là : concilier croissance, transformation économique et durabilité environnementale.
Vers une Côte d’Ivoire post-agricole ?
L’économie ivoirienne a longtemps reposé sur le café, le cacao et l’hévéa. Elle pourrait demain se bâtir aussi sur le pétrole, le gaz, le lithium et l’or.
Mais cette transition n’est pas automatique. Elle exige planification, vision à long terme, inclusion des populations et transparence. Les richesses du sous-sol, aussi prometteuses soient-elles, ne suffisent pas à elles seules à construire une économie équitable et prospère.
En somme, la Côte d’Ivoire joue une nouvelle partition. Reste à savoir si elle en maîtrisera toutes les notes.