UEMOA : une croissance soutenue, mais un équilibre toujours fragile

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UEMOA : une croissance soutenue, mais un équilibre toujours fragile
UEMOA : une croissance soutenue, mais un équilibre toujours fragile

La BCEAO prévoit un rebond de l’activité économique à +7,3% au deuxième trimestre 2025, porté par la demande intérieure. Une performance saluée, mais exposée à plusieurs fragilités structurelles.

Croissance en hausse, prudence de rigueur

Les dernières données publiées par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) annoncent une embellie conjoncturelle dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). L’activité économique devrait progresser de 7,3% au deuxième trimestre 2025, contre 5,9% à la même période en 2024. Ce rebond, selon la BCEAO, repose essentiellement sur le dynamisme du secteur tertiaire, notamment les services marchands, le commerce et l’administration publique.

Mais derrière cette performance apparente, plusieurs incertitudes subsistent. La BCEAO elle-même appelle à la prudence : « Le maintien de la stabilité macroéconomique nécessitera une coordination renforcée des politiques budgétaires et monétaires », avertit-elle dans sa note de conjoncture économique de mai 2025.

La demande intérieure comme moteur principal

Cette croissance est essentiellement tirée par la consommation des ménages et l’investissement public, deux moteurs qui ont permis de compenser la faiblesse persistante des exportations dans certains pays. L’indice de la production industrielle s’est redressé, porté par une amélioration de la fourniture d’électricité et une progression dans la transformation agroalimentaire. Le secteur de la construction, quant à lui, bénéficie encore de la commande publique.

Inflation : un reflux bienvenu, mais à surveiller

Après plusieurs mois de tensions sur les prix alimentaires, l’inflation dans la zone UEMOA affiche une baisse significative, atteignant 2,0% en glissement annuel en mai 2025, contre 2,1% en avril. Cette décélération est portée par la détente sur les prix des céréales, des tubercules et des légumes. Pour rappel, le seuil de convergence communautaire est fixé à 3%. La maîtrise des prix renforce donc le pouvoir d’achat, dans un contexte régional encore marqué par la précarité.

Finances publiques : la dépendance aux marchés s’accentue

La pression reste forte sur les budgets nationaux. En avril 2025, les émissions de titres publics sur le marché régional ont atteint 1 991 milliards FCFA, soit une hausse de plus de 8% par rapport au mois précédent. Cette mobilisation reflète des besoins de financement persistants, dans un contexte de charges sécuritaires élevées, de subventions aux produits énergétiques, et de contraintes structurelles sur la mobilisation des recettes fiscales.

Commerce extérieur : retour du déficit

Sur le plan des échanges extérieurs, la BCEAO constate une légère dégradation du solde commercial, passé de -355,6 milliards FCFA en mars à -373,7 milliards FCFA en avril 2025. Cette évolution s’explique par une baisse des exportations de produits de rente comme le coton et la noix de cajou, et une hausse des importations de biens de consommation courante, traduisant une reprise de la demande intérieure.

Marchés financiers : essoufflement à la BRVM

La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) enregistre un léger repli. L’indice BRVM Composite a reculé de 1,1% sur un mois, en lien avec la baisse de certaines valeurs bancaires et industrielles. Toutefois, la capitalisation boursière reste solide, à 7 847,3 milliards FCFA, témoignant d’une certaine résilience du marché malgré les incertitudes globales.

Perspectives : croissance résiliente mais vulnérable

La BCEAO table sur la poursuite de la croissance au second semestre, toujours portée par la demande intérieure et les investissements. Mais elle alerte aussi sur les risques pesant sur cette trajectoire : inégal accès au financement, instabilités politiques dans certaines zones, chocs climatiques, et dépendance aux matières premières.

Avec une croissance en nette accélération et une inflation sous contrôle, l’UEMOA affiche une résilience certaine face aux aléas globaux. Mais cette performance repose encore sur des bases fragiles : une forte dépendance à la commande publique, une diversification économique inachevée, et un tissu productif exposé. Le défi, désormais, est de convertir cette dynamique en une croissance inclusive, soutenable et moins dépendante des facteurs exogènes.

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