Inflation en Côte d’Ivoire : une accalmie confirmée au premier trimestre 2025

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Après plusieurs années de turbulences sur le front des prix, la Côte d’Ivoire entame l’année 2025 sous le signe d’un certain apaisement inflationniste. Les derniers chiffres de l’Institut National de la Statistique (INS), publiés en mars, témoignent d’une nette décélération de la hausse des prix à la consommation. Une dynamique bienvenue dans un contexte régional encore marqué par des tensions économiques.

Un ralentissement significatif de l’inflation depuis janvier

Le principal indicateur de suivi des prix, l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC), affiche en mars 2025 une hausse annuelle de seulement +0,5% par rapport à mars 2024. Ce chiffre, bien en dessous du seuil de vigilance fixé à +3% par l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), confirme une tendance désinflationniste amorcée dès le mois de janvier.

Dans le détail, le taux d’inflation moyen sur douze mois glissants s’est établi à +2,8% à fin mars, contre +4,8% un an plus tôt et +5,4% en mars 2023. Cette évolution illustre une consolidation progressive de la stabilité des prix, après deux années marquées par des hausses soutenues, notamment sur les produits alimentaires.

Des pressions sectorielles limitées, mais encore visibles dans l’alimentaire

Si l’inflation globale reste contenue, certaines catégories de produits continuent d’afficher des tensions. En mars, les principales hausses concernent les denrées de première nécessité : les tubercules, plantains et bananes à cuire ont augmenté de +9,5% sur un an, les légumes frais de +11,5%, et les huiles végétales de +7,4%. Ces hausses ponctuelles dans l’alimentaire, qui pèse lourd dans le panier de consommation des ménages ivoiriens, sont toutefois contrebalancées par des baisses significatives, notamment sur les poissons frais (-9,0%), atténuant l’impact global.

D’autres segments, comme l’information et la communication (+2,7%) ou l’enseignement (+1,5%), enregistrent des hausses plus modérées. Quant aux produits énergétiques, ils progressent de +1,8%, tandis que les prix des produits importés reculent légèrement de -0,3%. L’inflation sous-jacente, c’est-à-dire hors produits frais et énergie, affiche même un recul de -0,5% en glissement annuel, signe d’une absence de tensions durables sur les composantes les plus stables de l’économie.

Une tendance mensuelle cohérente avec la dynamique annuelle

L’évolution mensuelle des prix reste elle aussi modérée. Entre février et mars 2025, l’IHPC a progressé de +0,4%. Cette hausse s’explique notamment par l’augmentation des prix alimentaires (+0,9%) et des services liés au logement, à l’eau, au gaz et à l’électricité (+0,7%). Dans le détail, les tubercules et bananes à cuire ont bondi de +7,9%, les produits de boulangerie de +3,3%, et la viande fraîche de +2,2%. Le bois de chauffage a également connu une forte hausse mensuelle (+6,1%), contrairement au transport, en léger recul (-0,1%), limitant la progression globale.

Fait notable : les prix des produits locaux et importés ont tous deux crû de +0,4% sur le mois, dans un équilibre relatif. Les produits frais, plus volatils, ont enregistré une hausse de +0,8%.

Une courbe trimestrielle clairement orientée à la baisse

L’analyse sur le trimestre confirme cette tendance baissière. En janvier, l’inflation annuelle s’établissait encore à +2,5%, en repli par rapport à décembre 2024. Elle a ensuite chuté à +1,3% en février, avant d’atteindre son plus bas niveau récent en mars (+0,5%). Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs : une offre alimentaire relativement stable, une détente sur les marchés de l’énergie, et une politique monétaire prudente menée par la BCEAO, qui a maintenu son taux directeur inchangé tout en surveillant de près les risques de transmission de l’inflation importée.

Une accalmie fragile dans un contexte encore incertain

Si la stabilité des prix constitue une bonne nouvelle pour les ménages et les entreprises, les autorités économiques restent sur leurs gardes. En effet, cette amélioration reste exposée à plusieurs menaces : aléas climatiques affectant les productions vivrières, hausse des coûts logistiques, ou encore volatilité des prix des matières premières sur les marchés internationaux. De plus, les tensions géopolitiques mondiales peuvent rapidement se répercuter sur les chaînes d’approvisionnement.

Une performance à relativiser dans le contexte ouest-africain

Comparée aux autres pays de l’UEMOA, la Côte d’Ivoire affiche en ce début d’année l’un des taux d’inflation les plus modérés, alors que plusieurs économies voisines peinent encore à contenir la flambée des prix, notamment sur les céréales ou les carburants. Cette performance s’explique en partie par une meilleure organisation logistique, des importations bien gérées, et une production vivrière intérieure relativement résiliente.

Vers un retour durable à la stabilité ?

Les signaux envoyés par le premier trimestre 2025 sont encourageants : la Côte d’Ivoire semble entrer dans une phase de normalisation des prix, après deux années chahutées. La maîtrise de l’inflation renforce le pouvoir d’achat, stimule la consommation intérieure et consolide la confiance des investisseurs. Mais pour ancrer durablement cette stabilité, il faudra rester vigilant, notamment face aux risques extérieurs et aux fragilités structurelles internes.

L’année ne fait que commencer, mais déjà, les voyants de la conjoncture inflationniste virent au vert. Reste à transformer cette embellie en dynamique durable.

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