International : Trump et le projet de déplacer 1 million de Palestiniens vers la Libye, un pari risqué

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TOPSHOT - Palestinians with their belongings flee to safer areas in Gaza City after Israeli air strikes, on October 13, 2023. Israel has called for the immediate relocation of 1.1 million people in Gaza amid its massive bombardment in retaliation for Hamas's attacks, with the United Nations warning of "devastating" consequences. (Photo by MAHMUD HAMS / AFP)

Un projet d’une ampleur inédite agite les cercles politiques internationaux. Selon un article publié par NBC News le 16 mai 2025, l’administration Trump envisagerait de relocaliser jusqu’à 1 million de Palestiniens de Gaza vers la Libye, soit près de la moitié de la population de l’enclave. Ce plan, encore flou, suscite des interrogations majeures sur ses implications économiques, humanitaires et diplomatiques. Alors que les discussions avec les dirigeants libyens auraient débuté, les obstacles semblent nombreux. Décryptage d’une initiative controversée.

L’administration Trump, revenue au pouvoir en janvier 2025, a multiplié les propositions pour résoudre la crise à Gaza, où la situation humanitaire est désastreuse après des décennies de conflit. Près de 60% des habitants y sont au chômage et 80% dépendent de l’aide internationale, selon les chiffres de l’ONU en 2024. Dans ce contexte, Trump a déjà suggéré que des pays voisins comme l’Égypte ou la Jordanie accueillent les Palestiniens, une idée fermement rejetée par ces nations. Aujourd’hui, c’est vers la Libye que les regards se tournent, mais le projet soulève de sérieuses questions.

Selon NBC News, ce plan serait en « sérieuse considération » depuis avril 2025. L’objectif est clair : déplacer une partie de la population de Gaza de manière permanente. Mais les détails manquent cruellement. Où ces Palestiniens vivraient-ils en Libye ? Comment seraient-ils transportés ? Et surtout, qui financerait une telle opération ? En l’absence de réponses concrètes, un porte-parole de l’administration Trump a démenti ces informations le 16 mai 2025, affirmant que « ce projet n’a jamais été discuté et n’a aucun sens » dans les conditions actuelles. Ce démenti, toutefois, n’a pas mis fin aux spéculations.

Un aspect économique intrigue particulièrement. En échange de l’accueil des Palestiniens, les États-Unis pourraient débloquer des fonds libyens gelés depuis 2011, saisis dans le cadre de sanctions internationales après la chute de Kadhafi. Ces fonds, estimés à environ 30 milliards de dollars selon des rapports du Trésor américain de 2023, représenteraient une somme importante pour la Libye, dont le PIB s’élevait à 50 milliards de dollars en 2024. Ce montant pourrait financer des infrastructures ou relancer des secteurs clés comme le pétrole, mais à quel prix pour la stabilité du pays ?

Car la Libye est loin d’être un refuge sûr. Toujours divisée entre deux gouvernements rivaux, elle fait face à des violences régulières, avec des risques de terrorisme et d’enlèvements. Le Département d’État américain déconseille d’ailleurs à ses citoyens de s’y rendre. Dans un tel contexte, accueillir 1 million de personnes semble très compliqué, sinon impossible, selon plusieurs experts. « La Libye n’a ni les infrastructures ni la stabilité politique pour absorber un tel afflux », explique Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de Democracy for the Arab World Now, dans une déclaration à Reuters le 16 mai 2025.

Les défis logistiques sont tout aussi intimidants. Gaza n’a pas d’aéroport opérationnel, ce qui rendrait le transport aérien difficile. Un transfert par mer ou par des convois terrestres via l’Égypte nécessiterait des accords internationaux complexes et des coûts énormes. Selon les estimations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le déplacement d’un réfugié coûte en moyenne 2 000 dollars. Pour 1 million de personnes, cela représente 2 milliards de dollars, sans compter les dépenses pour le logement, la nourriture et les infrastructures. Qui financerait une telle opération ? Le flou persiste.

Face à ce projet, les Palestiniens s’opposent fermement. Basem Naim, un haut responsable du Hamas, a déclaré le 15 mai 2025 que son peuple était « enraciné dans sa patrie » et prêt à « se battre jusqu’au bout » pour y rester. Pour beaucoup, comme Ahmed, un hypothétique père de famille à Gaza, quitter sa terre est inimaginable : « C’est ici que mes enfants sont nés, ici que mes parents sont enterrés. » Un déplacement forcé pourrait être perçu comme une violation du droit international, qui garantit aux populations le droit de décider de leur avenir, selon un communiqué de l’ONU publié le 16 mai 2025.

Les implications économiques pour les Palestiniens sont tout aussi préoccupantes. Un tel déplacement risquerait d’aggraver leur situation, déjà marquée par des années de blocus et de guerre. À Gaza, la majorité des habitants vit sous le seuil de pauvreté. En Libye, sans garanties d’emploi ou d’accès à des services de base, leur précarité pourrait s’accentuer. Certaines sources évoquent des incitations comme des logements gratuits ou des aides financières pour encourager un départ volontaire, mais combien accepteraient de partir pour un avenir aussi incertain ?

Au-delà des enjeux locaux, ce projet pourrait tendre les relations diplomatiques. Les pays arabes, déjà réticents à accueillir des Palestiniens, pourraient voir d’un mauvais œil une initiative perçue comme un abandon de la cause palestinienne. L’Union européenne, qui a investi des millions dans l’aide humanitaire à Gaza, pourrait également s’opposer à ce plan. « Un déplacement massif sans consentement serait une catastrophe humanitaire », a averti un porte-parole de l’UE le 16 mai 2025.

En somme, le projet attribué à l’administration Trump est entouré d’incertitudes. Entre les démentis officiels, les obstacles logistiques et les oppositions politiques, sa mise en œuvre semble très difficile. Pourtant, les enjeux qu’il soulève – économiques, humanitaires et géopolitiques – méritent une attention soutenue. Ce plan redessinera-t-il la carte du Moyen-Orient, ou s’agit-il d’une nouvelle proposition irréaliste dans un contexte régional déjà tendu ? L’avenir nous le dira.

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