Erwin Anet N’Guetta, formateur Blockchain et cryptomonnaie, : « Il y a aujourd’hui plus de 19 500 cryptoactifs qui existent. Mais très peu sont des cryptomonnaies »

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Selon Erwin N'Guetta, l’écosystème de la cryptomonnaie est encore jeune, et c’est actuellement un vrai « Far west ».

Erwin Anet N’Guetta, Responsable de l’Excellence opérationnelle, de la Transformation digitale et de l’innovation dans une banque en Côte d’Ivoire, coorganisateur de l’un des premiers bootcamp d’Afrique francophone subsaharienne sur la Blockchain en tant que formateur Blockchain et cryptomonnaie, dans cette 1ère partie de l’interview explique la cryptomonnaie et son fonctionnement.

Qu’est-ce que la cryptomonnaie ?

Il faut différencier les cryptomonnaies et les cryptoactifs. En effet, je parlerai plus de cryptoactifs, car toutes ne sont pas des cryptomonnaies.

Le mot cryptomonnaie de manière étymologique vient de deux termes crypto qui vient de cryptographie (méthode de sécurisation informatique) et de monnaie qui est un actif qui a les 3 caractéristiques suivantes : Moyen d’échange, réserve de valeur et unité de compte.

En résumé la cryptomonnaie est une monnaie numérique entièrement dématérialisée (pas de billets ni de pièces), protégée par la cryptographie qui est échangeable sur le Net via des réseaux de pair-à-pair (technologie Blockchain) et qui est sans frontières.

Comment fonctionne la cryptomonnaie ?

Les cryptomonnaies fonctionnent à partir d’une technologie qu’on appelle « Blockchain ». Les cryptomonnaies fonctionnent comme de la monnaie Fiat (CFA, euro, dollars) en ce sens qu’elle permet d’acheter des biens et services, elle permet de faire de l’épargne, de transférer de l’argent à une autre personne partout dans le monde. Les principales différences avec les monnaies traditionnelles sont que ces monnaies sont purement numériques et ne dépendent pas d’un organisme central comme les banques centrales. La création monétaire se fait à partir des validations des transactions par les membres du réseau (Preuve de travail ou preuve d’enjeu). Pour acheter une cryptomonnaie, il faut soit se connecter à un exchange décentralisé comme uniswap ou sushiswap, soit par un exchange centralisé comme Binance.

D’où est partie la création de la cryptomonnaie ?

L’idée de la cryptomonnaie vient d’un groupe d’expert en cryptographie qu’on nomme les « cryptopunks ». C’est un groupe dont l’idéologie principale est de s’assurer que les données personnelles des utilisateurs restent leurs propriétés et ne soient pas revendues par les GAFAM ou d’autres sociétés aussi puissantes. Les réflexions sur ce système financier décentralisé ont débuté depuis plusieurs dizaines d’années, mais ce n’est qu’en 2008 qu’un certain « Satoshi Nakamoto » a mis au point de manière réelle la première cryptomonnaie qui est le bitcoin.

Cela est intervenu dans un contexte très spécial qui était la crise des subprimes. Cette crise avait fait ressortir le côté le plus sombre de la finance traditionnelle et des dérives qui allaient avec. On a alors observé une perte de confiance des citoyens dans le système financier classique et le bitcoin est venu comme une alternative à ce qui était fait jusqu’alors en redonnant le pouvoir aux peuples et non plus aux institutions.

Pourquoi, il y a autant de monnaies qui se créent ?

Il y a aujourd’hui plus de 19 500 cryptoactifs qui existent. Mais très peu sont des cryptomonnaies.

Il est très facile techniquement de créer une cryptomonnaie. Il suffit d’avoir un ordinateur et de s’y connaitre en développement blockchain. C’est ce qui explique cette prolifération de cryptoactifs. L’écosystème de la cryptomonnaie est encore jeune, et c’est actuellement un vrai « Far west ». C’est pour cela qu’il faut être prudent dans son approche des cryptomonnaies et faire une véritable « due diligence » avant d’y entrer.

Et qu’est-ce qui a occasionné la chute du bitcoin et certaines autres monnaies, au point que des gens ont tout perdu ?

Je préfère ne pas généraliser, car les impacts et les raisons sont très hétérogènes.

Concernant le bitcoin, je ne parlerai pas de chute, mais plutôt de correction. Une correction, c’est lorsqu’un actif entre dans une zone de survente (qui entraine une montée exagérée de son coût) et qu’après la prise de bénéfice de certains acteurs possédant l’actif, le coût revient à des proportions plus saines. C’est ce qui arrive au bitcoin. En outre, l’atmosphère financière générale (inflation aux USA et en Europe), remontée des taux directeurs, perte du pouvoir d’achat des ménages, guerre en Ukraine, ont impacté négativement les performances du bitcoin et des autres cryptoactifs. Concernant des cas où les gens ont tout perdu, le cas le plus récent est celui de la crypto Luna qui a perdu 99 % de sa valeur en quelques semaines et fait perdre des milliards de dollars aux détenteurs de ce jeton. Il s’agissait d’un problème intrinsèque à son écosystème qui était basé sur un stablecoin (cryptomonnaie dont le prix est à parité fixe avec le cours d’une monnaie fiat comme le dollar) dont la stabilité était gérée par un algorithme. Les effets conjugués des problèmes structurels de l’économie ont grippé la machine qui a fait décrocher le cours du stablecoin, s’en est suivi une panique généralisée qui a fait plonger les cours et a amené la catastrophe.

Jean Israël Koffi

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