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  • 15/07/2025

2024-2030 : le Niger entre dynamisme économique et vigilance financière

Les perspectives économiques du Niger à l’horizon 2030 révèlent une croissance exceptionnelle, mais aussi des équilibres budgétaires et extérieurs encore fragiles. C’est ce qui ressort des dernières projections macroéconomiques du FMI, qui couvrent la période 2024-2030. Portée par les exportations pétrolières, la croissance devrait se maintenir à un rythme soutenu, mais à condition que les politiques budgétaires restent prudentes et structurantes.

 

Une croissance historique en 2024, une stabilisation attendue dès 2025

 

Avec une croissance du PIB réel estimée à 10,3% en 2024, le Niger signe l’une des meilleures performances du continent. Cette envolée s’explique par le démarrage des exportations de pétrole brut, mais aussi par une bonne campagne agricole. Le FMI prévoit ensuite une stabilisation de la croissance autour de 6% à partir de 2026, ce qui reste un niveau robuste comparé à la moyenne ouest-africaine.

 

Dans le même temps, le volume des exportations devrait exploser de 138% en 2025, avant de revenir à des niveaux de progression plus modérés les années suivantes. Cette envolée initiale est le reflet direct de la montée en puissance du secteur extractif.

 

Inflation maîtrisée, mais encore présente

 

L’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), devrait atteindre 9,1 % en moyenne annuelle en 2024, un niveau élevé mais en recul par rapport aux années précédentes. Dès 2025, elle devrait se normaliser autour de 3,7%, avant de rester contenue autour de 2% jusqu’en 2030. Cette trajectoire s’explique par la stabilisation attendue des prix alimentaires et des coûts d’importation.

 

Pression budgétaire sous contrôle, mais effort de mobilisation attendu

 

Le solde budgétaire global reste déficitaire sur l’ensemble de la période, à −4,3% du PIB en 2024, puis −3% jusqu’en 2030, selon les projections. Si ce niveau reste soutenable, il suppose une discipline accrue. Les recettes totales, autour de 9,4% du PIB en 2025, devraient progressivement augmenter pour atteindre 11,2% en 2030. Un défi important dans un pays à faible pression fiscale.

 

Parallèlement, les dépenses d’investissement devraient progresser pour atteindre 6,6% du PIB en 2027, avant de se stabiliser autour de 6,3%. Ce signal d’investissement public est positif, mais suppose une gestion rigoureuse et transparente, notamment dans le secteur des infrastructures et de l’énergie.

 

Compte courant : déficits modérés mais persistants

 

Le solde du compte courant du Niger reste déficitaire malgré l’apport pétrolier. Avec un déficit de −6% du PIB en 2024, il s’améliorerait légèrement jusqu’à −3,7% en 2030, en intégrant les dons. Hors dons, le déficit reste plus marqué, atteignant −4,1% en fin de période. Ces chiffres traduisent la forte dépendance du pays aux importations, notamment de biens d’équipement, et la nécessité de diversifier davantage les exportations.

 

Une dette maîtrisée, mais sous surveillance

 

La dette publique totale du Niger devrait passer de 47,2% du PIB en 2024 à 42,5% en 2030, une tendance à la baisse qui témoigne d’une certaine prudence budgétaire. La part de dette extérieure est relativement stable, autour de 24,5% du PIB, tandis que la dette intérieure reste aussi contenue. Cependant, la vigilance reste de mise, dans un contexte de durcissement des conditions de financement international.

 

L’investissement, moteur de transformation

 

Avec un taux d’investissement brut dépassant 22% du PIB sur la période 2026-2030, le Niger semble miser sur les infrastructures pour asseoir sa croissance. L’investissement privé représente l’essentiel de l’effort, avec une contribution supérieure à 17% du PIB sur la période. Ce dynamisme devra être accompagné par un environnement plus favorable au secteur privé : sécurité juridique, accès au crédit, et amélioration du climat des affaires.

 

Une trajectoire prometteuse, mais exigeante

 

Les chiffres du FMI dessinent un Niger en transition : riche en promesses économiques, mais encore vulnérable. Le pays devra conjuguer croissance pétrolière, rigueur budgétaire, et réformes structurelles pour faire de cette phase un véritable tournant. Le FMI, dans ses différentes analyses, souligne régulièrement que la stabilité macroéconomique n’est durable que si elle s’appuie sur une gouvernance solide, une mobilisation efficace des recettes et une bonne gestion de la dette.

 

La décennie 2024-2030 pourrait ainsi être celle du décollage économique du Niger. À condition de transformer l’essai.

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